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Implication de la Police en matière de contrôle de la
toxicomanie |
Pour les usagers et les trafiquants "clients" des services
répressifs, l'interpellation constitue la porte d'entrée
dans le système pénal. Ainsi, par leurs décisions,
les services de Police et de Gendarmerie prédéterminent
largement les solutions susceptibles d'être adoptées
dans la suite du processus répressif.
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Les principales sources |
On distingue deux sources permettant de mesurer le contentieux
des infractions à la législation sur les stupéfiants
(ILS) en France.
La règle commune aux deux sources est que les statistiques
policières correspondent aux interpellations effectuées
par les services de Police, Gendarmerie ou les Douanes ayant donné
lieu à la rédaction d'un procès-verbal transmis
au parquet. Les affaires pour lesquelles il y a simple mention en
main courante ne sont donc pas comptabilisées.
Par ailleurs, tout produit toxique illicite (c'est-à-dire
classé au tableau B des substances vénéneuses)
est concerné, que son usage soit occasionnel ou régulier.
Les instructions relatives à la collecte des données
sont précisées dans un guide édité conjointement
par le ministère de l'Intérieur et le ministère
de la Défense suite à l'instruction du 17 juillet
1987. L'objet de ce guide est de "préciser et d'uniformiser
les instructions méthodologiques existantes". Il indique
à l'opérateur de la collecte la méthode de
comptage qu'il doit impérativement suivre dans les différents
cas qui peuvent se présenter à lui (Deuxième
édition entrée en vigueur au 1er janvier 1995, suite
à la note PN/CAB/n° 94-13449 du 16 septembre 1994 : Guide
de méthodologie statistique établi par la direction
centrale de la Police judiciaire, division des études et
de la formation, service central d'étude de la délinquance).
a) État 4 001
Un premier ensemble de données est présenté
dans un rapport annuel publié depuis 1972 à la Documentation
française par la direction centrale de la Police judiciaire.
Dans ce rapport sont éditées les statistiques relatives
à l'ensemble des contentieux traités par les services
de Police et de Gendarmerie nationales, dont celui des ILS.
Les données sont présentées sous la forme
d'un tableau croisé (appelé "État 4 001"
de 107 rubriques correspondant à des catégories d'infractions
adoptées par le ministère de l'Intérieur en
1972. La nomenclature est appelée à s'adapter aux
changements décidés par le législateur en la
matière qu'il s'agisse de la dépénalisation
ou de la contraventionnalisation de certains délits ou bien
de l'apparition de nouvelles incriminations.
Sous le terme d'ILS, quatre types d'infraction sont répertoriés
:
- trafic/revente sans usage,
- usage/revente,
- usage (consommation),
- autres infractions à la législation sur les
stupéfiants (cet index recouvre les autres délits
relatifs aux stupéfiants et principalement pour les personnes)
:
- qui facilitent la toxicomanie par fourniture de local ou
de moyens;
- qui font usage d'ordonnances fictives ou de complaisance
en vue d'obtenir des stupéfiants;
- qui délivrent des ordonnances de complaisance (médecins);
- qui délivrent des stupéfiants au vu d'ordonnances
fictives ou de complaisance en connaissance de cause (pharmaciens);
- qui provoquent à l'usage de stupéfiants ou
les présentent sous un jour favorable (vente de badges,
articles de presse ...).
Pour chacune de ces infractions, on dispose des unités de
compte suivantes :
- les faits constatés, c'est-à-dire les crimes
et délits, commis ou tentés, portés pour
la première fois à la connaissance de la Police
ou de la Gendarmerie et consignés dans toute procédure
transmise à l'autorité judiciaire;
- les personnes mises en cause, c'est-à-dire, les
personnes pour lesquelles il existe une procédure comportant
leur audition par procès-verbal et des indices faisant
présumer qu'elles ont commis ou tenté de commettre
une ou plusieurs infractions qui entrent dans le champ de la statistique
de la criminalité;
- les faits élucidés, c'est-à-dire,
les crimes et délits commis ou tentés, consignés
dans toute procédure transmise à l'autorité
judiciaire et imputables à une personne entrant dans le
champ de la statistique des personnes mises en cause;
- les gardes à vue, sachant que cet enregistrement
est indépendant et comprend des mis en cause et des témoins.
Il n'y a pas de correspondance entre les gardes à vue et
les personnes en cause car les mis en cause peuvent ne pas être
placés en garde à vue. De même sont exclues
les rétentions de toute nature (ivresse, contrôle
d'identité ...).
b) Fichier national des auteurs d'ILS (FNAILS)
La seconde source, qui ne concerne que les infractions à
la législation sur les stupéfiants, relève
de l'Office central pour la répression du trafic illicite
des stupéfiants (OCRTIS) qui publie un rapport annuel
intitulé Usage et trafic de stupéfiants en France.
Depuis 1990, les informations sont issues de l'exploitation du
fichier national des auteurs d'ILS qui comptabilise les interpellations
dans l'année pour trafic ou usage de stupéfiants.
Il s'agit de faits et non de personnes, certains usagers pouvant
faire l'objet de plusieurs interpellations durant la même
année.
Depuis peu, l'OCRTIS publie dans son rapport annuel les données
relatives aux réitérations d'infractions. Pour exemple,
en 1997, 66 577 interpellations pour usage et usage/revente de cannabis
ont été réalisées. Elles ont impliqué
62 522 personnes, certaines ayant commis de deux à cinq infractions.
La nomenclature utilisée par l'OCRTIS permet de distinguer
les trafiquants internationaux, locaux ou les revendeurs, pour ce
qui concerne les personnes interpellées pour trafic. La catégorie
des usagers regroupe les cas d'usage simple et ceux d'usage/revente.
Les deux sources diffèrent essentiellement par le fait que
la première enregistre les seules arrestations ayant fait
l'objet d'un procès-verbal par les services de Police et
de Gendarmerie nationales; les statistiques de l'OCRTIS prennent
également en compte l'activité des services de douanes.
Cependant, l'OCRTIS n'est pas avisé par les services de façon
exhaustive de toutes les interpellations, surtout en ce qui concerne
les faits les moins graves d'usage de stupéfiants. D'autres
paramètres entrent en compte pour justifier la différence
entre les sources : les délais d'obtention des données,
les circuits d'enregistrement et les nomenclatures diffèrent.
Cependant, les statistiques de l'OCRTIS présentent l'avantage
de fournir des renseignements précis sur les infractions
à la législation sur les stupéfiants et sur
les personnes impliquées dans ces affaires.
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Évolution générale des interpellations pour trafic et usage
de stupéfiants |
Depuis le début des années soixante-dix, la progression
enregistrée du nombre d'interpellations est remarquable :
en 1971, les services de Police, Gendarmerie et Douane recensent
2 592 interpellations pour ILS. Ce chiffre passe la barre des 10
000 en 1979, des 20 000 en 1982, des 40 000 en 1991 pour atteindre
près de 90 000 actuellement.
Les plus fortes hausses se sont produites en 1978 et en 1982
Il est important de souligner qu'il est impossible d'isoler, dans
ces chiffres, ce qui traduit l'accroissement du phénomène
de ce qui est consécutif à la mobilisation des services.
La hausse enregistrée en 1982 (60% d'ILS constatées
en plus par rapport à l'année précédente)
en est une bonne illustration :
- Immédiatement après le vote de la loi de 1970,
les circulaires du ministre de la justice pour la mise en application
de la loi révèlent des dispositions très
libérales.
- Quelques années après, la répression pénale
prend une toute autre dimension, la question des usagers revendeurs
est alors posée et le ministre exige des mesures sévères
à leur encontre. L'accroissement enregistré en 1982
au niveau des interpellations va sans doute dans ce sens.
- Mais il semble également que les chiffres de 1982 reflètent
une aggravation du problème de la drogue en France. En
effet, parallèlement à la hausse des interpellations
d'usagers, le trafic s'amplifie en France et dans le monde entier.
- On signale encore un enregistrement plus prononcé des
interpellations pour usage de stupéfiants en 1982.
Quoi qu'il en soit, il est difficile d'attribuer à chacun
de ces facteurs la part respective qu'il joue dans la variation
observée.
Depuis 1971, l'usage constitue le motif d'interpellation pour
ILS le plus fréquent : les interpellations pour usage
simple et usage/revente représentent en moyenne près
de 90% de l'ensemble des ILS recensées, la part moyenne de
l'usage simple étant de 70% environ. En matière de
trafic, les effectifs sont plus faibles (ils oscillent entre 6 000
et 8 000 depuis 1993) mais le nombre d'interpellations pour trafic
a toujours été croissant d'une année à
l'autre; en moyenne, sur l'ensemble de la période, on recense
une hausse annuelle de 18%. Il est intéressant de constater
que la proportion des interpellations de trafiquants par rapport
à l'ensemble des ILS a souvent enregistré une baisse.
On distingue en fait deux périodes de baisse : de 1971 à
1982, la proportion passe de 9 à 4,5% et de 1986 à
1997, elle passe de 14,2 à 7,3%.
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Les interpellations pour trafic de stupéfiants |
Le nombre d'affaires
Dans leur lutte contre le trafic de stupéfiants les services
répressifs spécialisés ont connu, sur la période
allant de 1987 à 1997, une croissance substantielle de leur
activité, matérialisée par une augmentation
de 181% du nombre d'affaires réalisées.
Cette augmentation n'a pas été uniforme. Elle a connu
une pointe en 1991 (27% d'affaires en plus par rapport à
1990) mais la croissance s'est ralentie l'année suivante
pour chuter d'un peu plus de 5% en 1993. Depuis cette année-là,
le chiffre des affaires est reparti à la hausse mais sur
un rythme plus modéré. Actuellement, l'OCRTIS recense
près de 50 000 affaires d'ILS.
Il est à signaler que ces affaires ont concerné aussi
bien les personnes interpellés pour faits de trafic que celles
considérées comme des usagers impliqués dans
ces mêmes affaires.
Les trafiquants interpellés
En ce qui concerne les interpellations de trafiquants locaux (offre,
cession) et de trafiquants internationaux (exportation, importation),
elles ont été multipliées par deux entre 1987
et 1997. L'OCRTIS recense actuellement entre 5 000 et 7 000 interpellations
de trafiquants. Jusqu'en 1977, les trafiquants internationaux étaient
majoritaires mais actuellement, ils ne représentent plus
que 20% de l'ensemble des interpellations pour trafic, ce ratio
ayant régulièrement diminué pour atteindre
un minimum de 15,8% en 1996. Ainsi, sur la période décennale
de 1987 à 1997, les interpellations de trafiquants locaux
ont augmenté plus vite que celle des trafiquants internationaux
(respectivement, + 60 et 56%). Cette physionomie reflète
l'importance de la lutte menée contre le "deal de
rue" depuis dix ans par les services de Police, Gendarmerie
et de Douane.
L'ampleur de cette activité apparaît tout particulièrement
si l'on s'attarde sur la catégorie des usagers revendeurs,
recensée par convention statistique avec les simples usagers.
Il s'agit de consommateurs qui se livrent à la revente de
drogue, soit à petite échelle afin de financer leur
consommation, soit en développant un véritable "business"
en marge de leur toxicomanie, et qui sont donc au confluent de l'usage
et du trafic.
En un peu plus de dix ans, le nombre d'usagers revendeurs interpellés
a augmenté de 166% : de 4 623 en 1987, l'OCRTIS en recense
12 281 en 1997. Ils représentent plus de 60% de l'ensemble
des trafiquants locaux, preuve de leur forte contribution au "deal
de rue".
Caractéristiques sociodémographiques et produits
saisis
Jusqu'au début des années quatre-vingt, le principal
produit mis en cause est le cannabis (60% des interpellations
de trafiquants en 1982). Mais le nombre de trafiquants interpellés
en possession d'héroïne va connaître une
progression spectaculaire : l'OCRTIS recense 284 trafiquants d'héroïne
en 1982 et 1 578 l'année suivante. La progression sera ensuite
plus lente, notamment pour les trafiquants internationaux. En 1996
et 1997, le cannabis est à nouveau la drogue la plus fréquente,
tout particulièrement chez les trafiquants locaux. Les trafics
d'ecstasy et d'amphétamines font leur apparition
en 1990 dans les interpellations de trafiquants.
Quelle que soit la période, les trafiquants de nationalité
française sont majoritaires. Entre 1987 et 1997, ils représentent
entre 40 et 60% de l'ensemble des trafiquants interpellés,
cette proportion étant plutôt en hausse sur la période
récente.
Les nationalités des trafiquants étrangers évoluent
: en ce qui concerne le trafic international, les pays les plus
impliqués en 1987 étaient la Colombie et l'Espagne.
En 1997, on trouve aux deux premières places, la Grande-Bretagne
et le Maroc.
Cette modification traduit très certainement un changement
des habitudes de trafic, la cocaïne cédant du terrain
au cannabis
En revanche, pour le trafic local, dans un classement des nationalités
citées entre 1987 et 1997, une certaine constance apparaît,
les algériens et les marocains arrivant en tête.
Signalons qu'en France, on ne dispose pas d'informations plus précises
sur la nationalité des personnes interpellées du fait
que la législation française interdit l'enregistrement
de l'origine ou de l'appartenance ethnique des personnes.
Les saisies
Les saisies ne constituent pas un indicateur de l'ampleur du phénomène
de la toxicomanie car le total saisi varie en fonction du nombre
des prises importantes, prises qui surviennent de façon ponctuelle.
De plus, les quantités saisies sur le territoire français
peuvent être destinées à des pays voisins. Par
contre, les produits saisis sont des indicateurs des tendances de
consommations : ainsi, les premières saisies d'ecstasy ou
de crack survenues en 1990, ont été les premiers signes
du début de la consommation de ces produits en France.
Les quantités saisies ont augmenté de façon
considérable depuis 1986 pour tous les produits de consommation.
En 1992, l'OCRTIS note que les saisies, dont la destination était
locale, avaient beaucoup augmenté.
Les augmentations sont particulièrement significatives pour
le cannabis (presque exclusivement saisi sous forme de résine)
: entre 1987 et 1997, les saisies de résine ont augmenté
de 347%, atteignant au maximum 56 Tonnes en 1994. L'OCRTIS note
que cette augmentation des saisies d'une année à l'autre
n'est pas le reflet de saisies exceptionnelles en transit vers d'autres
pays (comme c'est le cas parfois pour d'autres produits) mais bien
la marque d'une réelle demande au niveau européen.
En effet, les pays voisins de la France subissent une augmentation
des saisies, en quantité et en volume, identique à
celle constatée en France.
La France se situe bien au coeur des axes de passage entre pays
producteurs principalement le Maroc, pays intermédiaires
(axe Sud-Nord) et pays consommateurs (essentiellement l'Europe de
l'Ouest).
Les quantités saisies d'héroïne, sont nettement
moins élevées (entre 200 et 600 kg/an - 500 kg/an
en moyenne depuis 1992) mais on enregistre une progression quasi
continue depuis plus de dix ans.
Les saisies de cocaïne sont particulièrement fluctuantes
ce qui s'explique par le côté aléatoire des
importantes quantités interceptées (certaines années,
on relève par exemple d'importantes saisies dans les Antilles,
situées à proximité immédiate des zones
de production, saisies souvent destinées aux États-Unis).
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Les interpellations pour usage de stupéfiants |
Évolution générale
En nombre absolu, les interpellations d'usage sont en augmentation
sur l'ensemble de la période : de 1971 à 1985, les
interpellations d'usage sont multipliées par plus de 10;
elles ont pratiquement triplé entre 1986 et 1997.
C'est un meilleur enregistrement des interpellations pour usage
de stupéfiants qui a entraîné en 1982 et 1991
une augmentation de leur nombre. La baisse constatée en 1993
est selon les services répressifs due à la réforme
du Code de procédure pénale (promulguée le
4 janvier 1993 et publiée au JO du 5 janvier); elle a surtout
concerné les services qui recevaient le plus grand nombre
d'usagers.
Si l'accroissement des interpellations pour usage de drogue depuis
vingt ans signifie qu'il y a un accroissement du nombre d'usagers,
il ne faut pas oublier que ce nombre est avant tout un indicateur
de l'activité des services de Police, Gendarmerie et Douanes.
Les stratégies mises en oeuvre limitent en effet l'interprétation
des données sur les interpellations. Le nombre d'interpellation
enregistrées est un indicateur sensible à différentes
variations tant au niveau de l'activité des consommateurs
que la législation sur les stupéfiants, ou encore
de l'application de la loi.
Ainsi, plusieurs facteurs permettent d'expliquer l'évolution
de ces chiffres :
- la prise en considération par les pouvoirs publics avec
la loi du 31 décembre 1970 de l'usage individuel de produits
stupéfiants et l'extension de cet usage au niveau sociétal,
- les directives qui émanent de la direction générale
de la Police nationale et qui définissent la lutte contre
la drogue comme une priorité.
Le directeur de la Police et celui de la Sécurité
publique rappellent régulièrement les règles
que doivent suivre les procédures d'usage de stupéfiants
(elles diffèrent selon l'âge de l'usager, la nature
des stupéfiants qu'il a consommé, le nombre de ses
interpellations antérieures ...). Il est parfois aussi
rappelé les compétences des différents services
en matière de lutte anti-stupéfiants.
- les mesures prises au niveau de la formation des personnels
répressifs pour lutter contre l'usage de drogues.
En 1989, des actions de formation sont mises en place : les "policiers
formateurs anti-drogue" (PFAD) au sein de la Police nationale
et les "formateurs-relais anti-drogue" (FRAD) au
sein de la gendarmerie.
Caractéristiques sociodémographiques
En ce qui concerne les caractéristiques des usagers interpellés
par les services de Police, Gendarmerie et Douanes, on relève
que les individus de sexe masculin sont largement majoritaires parmi
les personnes interpellées pour usage. Ils représentent
en 1997, 91% de cette population. La population des usagers est
relativement jeune puisque en moyenne, plus de 90% des usagers ont
moins de 30 ans. Mais, depuis 1974, la part des moins de 20 ans
est en constante diminution (- 4% en moyenne chaque année)
malgré une légère hausse enregistrée
depuis 1994.
Parallèlement à la moindre représentation
des usagers les plus jeunes, les deux classes d'âge les plus
élevées augmentent lentement et régulièrement
depuis les années 1970 : la part des usagers âgés
de 26 à 30 ans et celle des plus de 30 ans subissent une
hausse annuelle d'environ 3%.On observe donc un vieillissement de
la population des usagers de stupéfiants interpellés,
à mettre en parallèle avec l'accroissement, d'une
année sur l'autre, des âges moyens.
Afin de tenter d'expliquer ce vieillissement, plusieurs hypothèses
peuvent être avancées; il est difficile de les vérifier
mais il est probable qu'elles se combinent entre elles :
- une plus grande tolérance de l'entourage vis-à-vis
des toxicomanes, une plus grande socialisation retardent leur
visibilité par les institutions même si l'âge
d'entrée dans la toxicomanie reste stable
- une variation des âges d'entrée et de sortie de
la toxicomanie, à savoir une entrée et/ou une sortie
plus tardive au fil des années, ou une entrée plus
précoce et une sortie encore plus tardive;
- un non-renouvellement partiel de la population, en d'autres
termes ce serait en partie les mêmes que l'on reverrait
chaque année;
- l'apparition de nouveaux itinéraires, par exemple des
cas de personnes ayant arrêté depuis longtemps tout
usage de drogue et qui reprennent, ou encore de personnes qui
entrent dans la toxicomanie après 35 ans.
Enfin, signalons que le nombre des usagers sans profession déclarée
a considérablement augmenté depuis 1992. Ils représentent,
sur l'ensemble de la période, entre 50 et 60% des personnes
interpellées. Les explications de ce phénomène
sont certainement multiples. Ce phénomène pourrait
tout aussi bien être la conséquence d'une certaine
"paupérisation" du milieu toxicomane, comme être
la conséquence de la dégradation du marché
du travail.
Les interpellations d'usagers de nationalité française
sont majoritaires tout au long de la période (elles représentent
entre 80 et 90% de l'ensemble des usagers). en valeur absolue, elles
augmentent de façon régulière, tout comme le
nombre d'étrangers interpellés pour usage simple.
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Les sources douanières |
Les sources douanières font rarement l'objet de commentaires.
Toutefois, elles sont croisées avec les sources policières
dans le FNAILS notamment.
Intérêt des sources douanières
Généralement peu connues, les statistiques contentieuses,
compilées par le Direction Générale des Douanes
et Impôts indirects (DGDDI) sur les saisies effectuées
à la circulation par les services douaniers, donnent des
indications très utiles non seulement sur les grands trafics
mais également sur les flux intra-communautaires et nationaux
de stupéfiants, dont une partie est désignée
sous le vocable journalistique de "tourisme de la drogue".
Cette source est d'autant plus intéressante qu'elle représente
annuellement un tiers des infractions à la législation
sur les stupéfiants saisis par l'ensemble des services compétents
de l'État (Douane, Police, Gendarmerie) et qu'elle porte,
selon les années, sur 60 à 80% des quantités
saisies. De plus, les produits interceptés à ce stade
de la distribution sont généralement purs, à
la différence de ceux saisis dans la rue.
Ainsi, en 1997, les douanes enregistrent 27 502 constatations,
soit un tiers de l'ensemble des interpellations pour ILS recensées
par l'OCRTIS. Quant aux saisies, l'OCRTIS dénombre au total
56,6 tonnes de drogue (cannabis pour l'essentiel mais également
héroïne, cocaïne, crack, amphétamines, opium,
morphine) dont 45,5 à mettre à l'actif des Douanes,
soit 80% de l'ensemble des saisies.
Des comparaisons difficiles mais attendues
La confrontation des sources policières et douanières
est rendue difficile par le fait que les statistiques douanières
retiennent les incriminations du Code des douanes et non les distinctions
trafic/usage nées du Code pénal et du Code de la santé
publique, et n'utilisent donc pas l'État 4 001 et le FNAILS.
Les problèmes de concordance entre les statistiques douanières
et policières sont liés au fait qu'une large majorité
d'affaires fera l'objet, avec l'accord des parquets, d'une transaction
douanière (risque de non prise en compte par la statistique
nationale interservices).
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