|
Les conventions internationales |
La coopération internationale date du début du siècle,
elle est née des difficultés rencontrées par
les États pour résoudre des problèmes dépassant
largement leurs frontières.
Une première conférence visant à mettre fin
aux importations d'opium se tient à Shanghai en 1909. D'autres
accords, protocoles ou conventions auront lieu, le plus souvent
sous l'égide de la Société des Nations, avant
que ne s'élaborent, depuis l'après-guerre 1939-1945,
trois conventions internationales fondamentales et toujours en vigueur.
La Convention unique sur les stupéfiants (New-York
- 30 mars 1961) Mise en application le 13 décembre 1964
153 États signataires au 1/12/96
Ce texte, comprenant 51 articles, remplace et abroge tous les accords,
protocoles et conventions antérieurs, exception faite pour
certaines dispositions de la Convention de 1936.
Les principales dispositions
- Définition d'un certain nombre de termes :
- Organe : désignant l'Organe international de
contrôle des stupéfiants (OICS);
- Cannabis : désignant les sommités florifères
et fructifères de la plante (les graines et les feuilles
étant exclues si elles ne sont pas accompagnées
de sommités);
- Plante de Cannabis : désignant toute plante
du genre Cannabis;
- Stupéfiant : toute substance des tableaux I
et II naturelle ou synthétique;
- Pailles de Pavot : toutes les parties de la plante,
à l'exception des graines;
- Production : opération consistant à
recueillir l'Opium, la feuille de Coca, le Cannabis et sa résine;
- Fabrication : toute opération autre que la
production.
- Description des substances soumises au contrôle (108 plantes,
substances naturelles ou synthétiques) classées
dans quatre tableaux (I, II, III, IV).
- Création de l'Organe international de contrôle
des stupéfiants (OICS), et attribution des fonctions de
la commission : composition de l'Organe, fonctionnement, application
du régime des évaluations statistiques, rapports
de l'Organe.
- Extension ou instauration de systèmes de contrôle
de la culture des plantes qui servent de matière première
aux stupéfiants d'origine naturelle (Pavot à Opium,
Cannabis, Cocaïer) et à leurs dérivés.
- Droit d'autoriser temporairement l'usage sur son territoire
de certains produits stupéfiants avec abolition dans un
délai de 15 ans pour la consommation de l'Opium, 25 ans
pour la mastication de la feuille de Cocaïer et de 25 ans
pour l'usage de Cannabis.
- Contrôles de nouvelles drogues synthétiques.
- Limitation de la production des stupéfiants à
des fins médicales ou scientifiques.
- Création ou maintien de monopoles nationaux pour la fabrication
et la commercialisation des stupéfiants.
- Mise en place d'une politique de traitement et de réinsertion
sociale des toxicomanes.
- Création ou maintien des services centraux, chargés
de faire appliquer les recommandations de la convention au niveau
international.
Le Protocole de 1972 (Genève - 25 mars 1972) Mise
en application le 08 août 1975
143 États signataires au 1/12/96
Ce texte, composé de 21 articles, amende la Convention unique
sur les stupéfiants de 1961.
Les principales dispositions
- Renforcement du rôle de l'OICS : augmentation du nombre
de ses membres, domaine d'action élargi au niveau de la
limitation des cultures, de la production et de la fabrication
à des fins médicales et scientifiques, possibilités
pour l'Organe de promouvoir une assistance technique et financière.
- Poursuite et intensification des efforts entrepris pour lutter
contre la production, le trafic et l'usage illicite des stupéfiants.
- Introduction des notions de dépistage, de postcure, chez
les toxicomanes.
- Renforcement de la coopération internationale : à
la fois dans l'action préventive, mais aussi dans l'action
répressive contre le trafic illicite.
- Extension des bases juridiques concernant l'extradition : à
propos d'infractions concernant les stupéfiants, la Convention
peut désormais constituer la base juridique de l'extradition
entre deux pays qui désireraient utiliser cette procédure,
alors même qu'ils ne sont pas liés par un traité
d'extradition.
La Convention sur les psychotropes de 1971 (Vienne - 21 février
1971) Mise en application le 16 août 1976
140 États signataires au 1/12/96
Les principales dispositions
- L'extension des mesures relatives aux stupéfiants et
définies dans la Convention de 1961 à un certain
nombre de substances psychotropes de la famille des dépresseurs,
des stimulants et des perturbateurs. Il s'agit donc de 65 substances
d'origine synthétique soumises au contrôle, au niveau
de la production, de la commercialisation et de l'usage.
- Extension de l'exigence de délivrance uniquement sur
ordonnance :
- extension aux substances des tableaux II, III et IV,
- obligations plus strictes sur le conditionnement, l'enregistrement
et les annonces publicitaires pour les nouvelles substances,
- conditions plus restrictives imposées à l'exportation
et à l'importation.
- Mise en oeuvre d'une politique de prévention et de soins
:
- par une politique susceptible de prévenir l'abus
des substances psychotropes et d'assurer le traitement, la
postcure et la réadaptation des usagers,
- aide à la formation des personnels.
- Mise en place des dispositions nouvelles concernant les psychotropes
à propos de l'association, de la récidive et de
l'extradition.
- Extension des compétences de l'OICS à l'égard
de ces substances.
La Convention de 1988 contre le trafic illicite de stupéfiants
et des substances psychotropes (Vienne - 20 décembre 1988)
Mise en application le 11 novembre 1990
137 États signataires au 1/12/96
Les principales dispositions
- Définition de nouveaux termes :
- État de transit : État sur le territoire
duquel des substances illicites sont déplacées
alors qu'il n'est ni sur le point d'origine, ni la destination
finale;
- Gel-saisie : interdiction temporaire de disposition
ou de mouvement de biens sur décision d'un tribunal ou
d'une autorité compétente;
- Livraisons surveillées : méthode consistant
à permettre le passage sur le territoire d'un ou plusieurs
pays de substances illicites, ceci en vue d'identifier les personnes
impliquées dans la commission des infractions à
la législation en vigueur;
- Stupéfiant : désigne toute substance
naturelle ou synthétique figurant au tableau I ou II
de la Convention de 1961;
- Psychotrope : désigne toute substance naturelle
ou synthétique, ou tout produit naturel du tableau I,
II, III ou IV de la Convention de 1971.
- Définition et mise en place du système de la confiscation.
- Renforcement de l'entraide judiciaire :
- pour recueillir des témoignages, effectuer des perquisitions
et des saisies, examiner des objets et des lieux, fournir des
pièces à conviction, identifier des produits ou
autres éléments de preuve,
- redéfinition des demandes d'entraide judiciaire dans
la forme et le fond.
- Renforcement de la coopération pour la détection
et la répression des infractions.
- Développement et amélioration de programmes de
formation : programmes spécifiques aux personnels des services
de détection et de répression.
- Aide et assistance aux pays de transit : par une opération
technique et financière (pour les pays en voie de développement).
- Généralisation de la technique des livraisons
surveillées : avec possibilité de substitution du
produit illicite.
- Encouragement à l'éradication des cultures.
- Meilleur contrôle des transports commerciaux :
- concernant le transport par route et par mer,
- nouvelles mesures sur l'arraisonnement et visite des navires.
- Surveillance accrue dans les zones franches et ports francs.
- Extension des mesures préventives susceptibles de réduire
la demande.
|
Les organismes internationaux |
La lutte internationale contra le trafic et l'abus des drogues
échoit à divers organismes et institutions, dont certains
ont été créés à cette fin tandis
que d'autres interviennent dans leurs domaines de compétence
respectifs.
Une première conférence visant à mettre fin
aux importations d'opium se tient à Shanghai en 1909. D'autres
accords, protocoles ou conventions auront lieu, le plus souvent
sous l'égide de la Société des Nations, avant
que ne s'élaborent, depuis l'après-guerre 1939-1945,
trois conventions internationales fondamentales et toujours en vigueur.
Organisme à vocation mondiale : les organes des Nations
unies
1 - L'Assemblée générale
Composée des représentants de tous les États
membres des Nations unies (185 au 1er décembre 1996), elle
adopte les conventions, protocoles, résolutions, approuve
les budgets de tous les programmes et constitue une tribune où
tous les États peuvent exprimer leurs vues.
2 - Le Conseil économique et social
Composé de 54 membres, il est responsable de la formulation
des politiques de l'Organisation des Nations unies (ONU) en matière
de contrôle des drogues, de la coordination entre les activités
de lutte contre les drogues et de l'ensemble des programmes économiques
et sociaux de l'ONU. Il est chargé en outre de la formulation
des recommandations à ce sujet aux gouvernements. Il est
assisté dans sa tâche par l'une de ses commissions
techniques, la commission des stupéfiants.
3 - La Commission des stupéfiants
Créée en février 1946, elle est l'une des
6 commissions techniques du Conseil économique et social
de l'Organisation des Nations unies. Elle constitue le principal
organe de décision du système des Nations unies en
matière de contrôle international des drogues. Les
conventions internationales de 1961, 1971 et 1988 lui ont confié
d'importantes fonctions.
Elle se compose, depuis le 17 juin 1991, de 53 membres élus
par le Conseil, devant lui assurer une représentation géographique
équitable ainsi que la participation d'Etats connaissant
bien les problèmes de production et de consommation illicites.
La Commission des stupéfiants analyse la situation au niveau
mondial et détermine la politique à suivre pour le
contrôle des drogues. Elle étudie les changements qu'il
y a lieu d'apporter au système international de contrôle
des drogues et fait des recommandations.
Sur recommandation de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS), la Commission prend des décisions ayant trait aux
substances qu'il convient de soumettre à un contrôle
international.
4 - Organisations subsidiaires de la Commission des stupéfiants
Deux organes subsidiaires de la Commission des stupéfiants
sont chargés de la coordination de la répression du
trafic illicite des stupéfiants à l'échelon
régional :
- la sous-commission du trafic illicite des drogues et des problèmes
apparentés : créée en 1973 par la résolution
1776 du Conseil économique et social des Nations unies,
cette sous-commission "Proche et Moyen-Orient" comprend
l'Afghanistan, l'Iran, le Pakistan, la Suède, la Turquie,
l'Égypte, l'Inde, la Jordanie, le Koweït, le Liban,
Oman, l'Arabie-Saoudite, les Émirats Arabes Unis et le
Yémen;
- les réunions "HONLEA" (Heads of National Drug
Law Enforcement Agencies : réunion des chefs nationaux
de lutte contre les stupéfiants) : les HONLEA ont pour
but de réunir les chefs des services répressifs
nationaux dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants
et de faciliter ainsi les échanges d'informations entre
pays et de promouvoir des programmes de formation pour les agents
de ces services.
Il existe quatre HONLEA régionales : Afrique, Asie et Pacifique,
Amérique latine et Caraïbe, Europe et des HONLEA interrégionales.
Assistent également aux HONLEA régionales et aux
travaux de la sous-commission pour le Proche et le Moyen-Orient,
des observateurs d'organisations intergouvernementales : ANASE (association
des Nations d'Asie et du Sud-est), Plan Colombo, commission Pacifique
Sud, bureau PANARABE des stupéfiants (dépendant de
la Ligue des États arabes) et le groupe Pompidou.
5 - L'Organe international de contrôle des stupéfiants
(OICS) basé à Vienne
Créé en 1961 par la Convention unique sur les stupéfiants,
l'OICS s'est vu confier des fonctions de contrôle international
des drogues. Il est composé de 13 personnalités, indépendantes,
choisies pour leurs compétences dont 10 sur une liste proposée
par les pays membres de l'ONU et les États parties à
la Convention unique et 3 parmi des candidats présentés
par l'OMS.
L'OICS a des fonctions de contrôle international des drogues
qui lui sont attribués par les différentes conventions
interrégionales en vigueur. Il est chargé de suivre,
en coopération avec les gouvernements, la situation du commerce
illicite des stupéfiants.
Son action s'articule autour de deux idées force :
- limiter la culture, la production, la fabrication et l'utilisation
des drogues visées par les conventions aux quantités
nécessaires à des fins médicales et scientifiques
(par un contrôle statistique),
- empêcher la culture, la production, la fabrication, le
trafic et l'utilisation illicites des substances soumises à
contrôle, afin que les dispositions des conventions soient
respectées.
L'OICS établit un rapport annuel sur ses travaux. Ce rapport
consiste en un bilan mondial concernant le trafic et l'abus des
drogues, ainsi que l'application des conventions.
6 - Le Programme des Nations unies pour le contrôle international
des drogues (PNUCID)
Le PNUCID, créé le 21 décembre 1990 par l'Assemblée
générale des Nations unies (résolution 179),
intègre dans cette nouvelle structure le Secrétariat
de l'Organe international de contrôle des stupéfiants
(OICS), la division des stupéfiants et le Fonds des Nations
unies pour la lutte contre l'abus des drogues (FNULAD).
Placé sous l'autorité d'un directeur exécutif
et implanté à Vienne (Autriche), le PNUCID a pour
objectif de mieux coordonner et de renforcer l'action de l'Organisation
des Nations unies dans le domaine de la lutte contre la drogue.
Quatre services sont directement rattachés à l'état-major
:
- le Service général des finances et du personnel,
- le Service de planification et d'évaluation des actions,
- le Service des relations extérieures et de collecte
de fonds,
- le Service de documentation et d'informatique.
Le PNUCID se compose également de quatre divisions :
- la division chargée de l'application des traités
et des aspects juridiques qui comprend aussi le secrétariat
de la Commission des stupéfiants et de l'OICS,
- la division des services techniques, constituée de six
sections respectivement chargées de la réduction
de l'offre, de la réduction de la demande, de la suppression
du trafic illicite, de l'aide scientifique (laboratoire), de l'assistance
juridique aux États et de la formation,
- la division des actions opérationnelles composée
d'un bureau installé au siège et de quatre bureaux
régionaux (Asie et Pacifique - Europe, Amérique
du Nord, Moyen Orient - Amérique du Sud, Caraïbes
- Afrique),
- la division de coordination intérieure et extérieure
qui a en charge les rapports entre les différents organes
de l'ONU et les autres organisations internationales.
7 - L'Organisation mondiale de la santé (OMS)
L'OMS est l'institution spécialisée des Nations unies,
chargée de diriger et coordonner les travaux sur tous les
aspects de soins, de santé, y compris la prévention
et l'éducation pour la santé.
Les conventions internationales de 1961 et 1971 attribuent à
l'OMS des responsabilités précises en ce qui concerne
les modifications du contrôle des substances et leur inscription
aux tableaux appropriés. L'OMS développe des programmes
d'éducation et de formation pour les professionnels de la
santé.
8 - Les autres organes des Nations unies
De nombreux autres organismes participent, dans le cadre des Nations
unies, à la lutte contre l'usage et le trafic des drogues.
Ainsi on peut citer :
- l'Organisation internationale du travail (OIT),
- l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la
science et la culture (UNESCO),
- le Centre pour le développement social et les affaires
humanitaires,
- l'Institut de recherche des Nations unies sur la défense
sociale,
- l'Organisation maritime internationale (OMI),
- l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI),
- l'Union postale universelle (UPU),
- l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
(FAO),
- l'Organisation des Nations unies pour le développement
industriel (ONUDI),
- le Programme des Nations unies pour le développement
(PNUD),
- le Fonds des Nations unies pour l'enfance,
- le Programme alimentaire mondial.
Les organismes intergouvernementaux
1 - l'Organisation internationale de police criminelle-Interpol
(OIPC)
L'OIPC-Interpol a été créée en 1956
en remplacement de la Commission internationale de police criminelle,
elle-même créée en 1923 et a pour objectif de
développer l'assistance réciproque la plus large entre
services de police et de contribuer efficacement à la prévention
et à la répression de toutes les formes de criminalité.
L'OIPC est structurée de la façon suivante :
- une assemblée générale annuelle,
- un comité exécutif comprenant 13 personnalités
(dont le président de l'Organisation), élues pour
4 ans,
- un secrétariat général basé à
Lyon (France), dirigé par un secrétaire général
élu pour 5 ans.
Le secrétariat général comprend 268 fonctionnaires
répartis dans 4 divisions :
- administration générale,
- police,
- affaires juridiques, documentation et études,
- supports techniques.
Dans chaque pays membre, un bureau central national (BCN) est le
correspondant privilégié de l'OIPC. Au sein de la
division Police, la sous-division III traite plus spécialement
du trafic des stupéfiants. Cette sous-division comprend deux
groupes : le groupe I (opiacés-cannabis) et le groupe II
(cocaïne-psychotropes).
Dans le souci d'une meilleur coordination des enquêtes sur
le terrain, l'OIPC a procédé à la création
de trois bureaux sous-régionaux :
- le bureau de liaison "stupéfiants" à
Bangkok,
- le bureau sous-régional Amérique du Sud à
Buenos-Aires,
- le bureau sous-régional Afrique de l'Ouest à
Abidjan.
La sous-division des stupéfiants diffuse un message hebdomadaire
sur les drogues et un bulletin statistique mensuel qui est envoyé
à tous les BCN.
2 - L'Organisation mondiale des douanes (OMD)
Créée en septembre 1994, elle a remplacé le
CCD (Conseil de coopération douanière), créé
lui en décembre 1950. Regroupant plus de 135 pays membres,
son secrétariat général se situe à Bruxelles;
seule organisation intergouvernementale compétente pour les
question douanières, sa mission est d'assurer le plus haut
degré d'harmonisation et d'uniformité des régimes
douaniers et d'étudier les problèmes inhérents
au développement et aux progrès de la technique et
de la législation douanière.
L'action de ce service repose sur la convention internationale
de Nairobi de 1977, dont l'objet est l'assistance administrative
mutuelle en vue de prévenir, de rechercher et de réprimer
les infractions douanières. En matière de lutte contre
la fraude, l'OMD développe un certain nombre de programmes
qui touchent aussi bien au détournement des précurseurs
et au blanchiment de l'argent qu'aux techniques de livraison surveillée.
Des échanges d'informations ont lieu entre l'OMD et l'OIPC-Interpol.
3 - Le Groupe d'action financière internationale (GAFI)
Groupe d'action sur le blanchiment des capitaux, le GAFI a été
créé dans le cadre des sommets des pays les plus industrialisés
(G7) à la suite du Sommet de l'Arche en juillet 1989, à
Paris.
Entre autres pays, on y compte l'Allemagne, l'Australie, l'Autriche,
la Belgique, le Canada, l'Espagne, les Etats-Unis, la France, l'Italie,
le Japon, le Luxembourg, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède,
la Suisse ...
Son objectif est d'évaluer les résultats de la coopération
déjà mise en oeuvre, afin de prévenir l'utilisation
du système bancaire international et des institutions financières
aux fins de blanchir l'argent.
4 - Le Groupe d'action sur les produits chimiques (GAPC)
Créé à l'initiative des Etats-Unis sur le
modèle du GAFI, lors du sommet du G7 de Houston en juin 1990,
il a pour mandat de formuler les recommandations s'imposant aux
États pour le contrôle des précurseurs chimiques.
Il est composé des 19 États suivants : Allemagne,
Argentine, Australie, Bolivie, Brésil, Canada, Colombie,
Équateur, Espagne, France, Inde, Italie, Japon, Pays-Bas,
Pérou, Royaume-Uni, Suisse, Thaïlande, USA.
|
Les organismes à vocation continentale ou régionale |
Les Organismes européens
1 - Le groupe Pompidou
Créé en 1971 à l'initiative du Président
Pompidou, le groupe Pompidou a pour but d'examiner sous un angle
pluridisciplinaire les problèmes de l'abus des drogues et
du trafic illicite des stupéfiants. Groupe informel à
l'origine, il continue ses activités au sein du Conseil de
l'Europe depuis 1980.
Il comprend entre autres pays : Allemagne, Autriche, Belgique,
Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Finlande, France,
Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Liechtenstein, Luxembourg,
Malte, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République
tchèque, République slovaque, Royaume-Uni, San Marin,
Slovénie, Suède, Suisse, Turquie.
Les ministres du groupe se rencontrent périodiquement, en
règle générale tous les deux ans. Entre temps,
des correspondants permanents supervisent les activités du
groupe et préparent les rencontres ministérielles.
Par ailleurs, différents groupes d'experts se réunissent
régulièrement sur différents sujets concernant
la répression et la prévention. Depuis 1986, la Commission
de l'Union européenne est associée aux travaux du
groupe.
Le groupe Pompidou développe des objectifs de coopération
avec les pays d'Europe de l'Est. Il est en relation étroite
avec les autres instances internationales, intergouvernementales
ou non gouvernementales qui s'occupent des problèmes de drogue.
2 - Le groupe Schengen
Le groupe Schengen a été créé à
la suite de la signature des accords du même nom, le 14 juin
1985 entre le Bénélux, l'Allemagne et la France. L'objectif
est de permettre la libre circulation des ressortissants, des marchandises
et des services entre pays membres.
L'Italie a adhéré le 27 novembre 1990 aux accords
de Schengen, l'Espagne et le Portugal le 25 juin 1991 et la Grèce
en novembre 1992 ...
L'article 8 des accords précise que les parties s'engagent
à lutter sur leur territoire contre le trafic des drogues
et à coordonner leurs actions. L'article 19 précise
que les parties harmonisent leurs législations et réglementations.
Le 19 juin 1990, une convention d'application a été
signée, dont deux volets essentiels sont traités dans
les Titres III et IV.
Titre III : police et sécurité
Le Chapitre 1er est consacré à la "coopération
policière"
- Article 39 : assistance, prévention et échange
de renseignements.
- Article 40 : "Observation transfrontalière"
dans le cadre d'une enquête judiciaire et pour des faits
limitativement énumérés (alinéa
7), autorisation de continuer la surveillance d'une personne
sur le territoire d'une autre partie contractante.
- Article 41 "Poursuite transfrontalière"
: c'est le droit de poursuivre et exécuter un acte coercitif
momentané à l'encontre d'une personne, sur le
territoire d'un autre pays signataire. La mise en oeuvre de
cette procédure est soumise à des conditions d'urgence
(alinéa 4). Les limites dans l'espace et le temps sont
fixées par chaque partie contractante dans une "déclaration".
Le Chapitre 6 "stupéfiants" consacre 7 articles
à ce thème
- Article 70 : création d'un groupe de travail permanent
chargé des problèmes de criminalité liée
aux stupéfiants et qui a pour objet l'amélioration
de la coopération entre parties contractantes.
- Article 71 : prévention et lutte contre le trafic
des stupéfiants et des produits psychotropes. Renforcement
des contrôles des personnes et marchandises aux frontières
extérieures de l'espace Schengen.
- Article 72 : saisie et confiscation des produits du trafic
illicite des stupéfiants.
- Article 73 : aménagement des législations nationales
pour permettre la pratique des "livraisons surveillées".
- Article 74 : contrôle par chaque partie contractante
du commerce légal des stupéfiants.
- Article 75 : autorisation du transport dans l'espace Schengen,
de produits stupéfiants par les personnes sous traitement
médical.
- Article 76 : harmonisation des législations respectives
sur la base de la loi la plus rigoureuse en matière de
contrôle des produits stupéfiants et psychotropes.
Titre III : système d'information Schengen (SIS)
Cet outil informatique a pour but de faciliter les contrôles
aux frontières extérieures et en n'importe quel
point de "l'espace Schengen".
3 - L'Union européenne
A la suite de l'entrée en vigueur, le 1er novembre 1993,
du traité sur l'Union européenne, le groupe de TREVI
et le Comité européen pour la lutte anti-drogue (CELAD)
ont cédé place à de nouvelles structures.
L'architecture de l'Union européenne repose sur trois "piliers",
le thème de la drogue étant traité sous des
angles différents dans chacun des piliers :
- aspect santé,
- politique étrangère et de sécurité
commune (PESC),
- dimension répressive (coopération en matière
de justice et affaires étrangères).
Dans chaque pilier fonctionnent différents groupes de travail
et comités directeurs qui préparent les travaux des
Conseils des ministres de la Santé pour le premier pilier,
Affaires étrangères pour le second pilier et Intérieur-Justice
pour le troisième. La coordination d'ensemble est assurée
par un Comité des représentants permanents des États
(COREPER).
Le titre VI "Traité sur l'Union européenne"
consacre les articles K, K1 à K9 à la coopération
dans les domaines de la justice et des affaires intérieures.
Ont ainsi été constitués :
- un Comité des coordonnateurs ou "Comité K4"
: groupe de hauts fonctionnaires chargés de coordonner
les actions et de formuler des avis à l'intention du Conseil.
Il assiste aussi le COREPER;
- trois comités directeurs : I - asile et immigration,
II - sécurité publique, coopération policière
et douanière, lutte anti-drogue, III - coopération
judiciaire.
Le comité directeur II a pour mission de définir
les priorités en matière de lutte contre le terrorisme,
le trafic illicite des stupéfiants et les autres formes graves
de criminalité internationale. Il a aussi en charge le dossier
Europol.
En France, le groupe directeur II chargé de ces missions
est divisé en 5 groupes de travail permanent :
- prévention et lutte contre le terrorisme,
- coopération policière opérationnelle et
technique,
- drogue et criminalité organisée,
- Europol,
- douanes.
Le secrétariat général du comité
interministériel (SGCI)
Placé sous l'autorité du Premier ministre, il sert
d'interface entre l'Administration française et les institutions
de l'Union européenne. Le SGCI veille à la définition
et à l'unité des positions françaises devant
les instances européennes.
Les questions relatives aux sujets du Titre VI du Traité
de l'Union européenne (coopération dans les domaines
de la justice et des affaires intérieures), des conventions
de Schengen et de Dublin, et des conventions éventuellement
établies en vertu de l'article K3 du Traité de l'Union
européenne (possibilité d'initiatives conventionnelles
entre États en matière de coopération de police,
justice et de douanes) sont du domaine du SGCI, sauf en ce qui concerne
la coopération opérationnelle.
L'Observatoire européen des drogues et de la toxicomanie
(OEDT)
Créé le 8 février 1993, son siège a
été fixé à Lisbonne (Portugal). Il fournit
à la Communauté européenne des observations
objectives sur le phénomène des drogues et de la toxicomanie
et leurs conséquences. Il s'appuie sur un réseau de
centres nationaux d'informations, le Reitox (réseau européen
d'information sur les drogues et la toxicomanie). L'OEDT s'abstient
de toute activité de renseignements sur des cas nominatifs
ou concrets.
4 - Europol
L'accroissement de la criminalité en Europe, l'émergence
de nouvelles organisations criminelles, la mobilité des malfaiteurs,
ont amené les États de l'Union européenne à
renforcer leur coopération policière et à imaginer
le concept d'un organe permettant aux services répressifs
de mieux échanger et plus rapidement les informations à
ce sujet.
Europol a donc été créé par le Conseil
européen de Maastricht les 9 et 10 décembre 1991.
L'unité drogue Europol s'est installée à La
Haye le 1er janvier 1994. La Convention sur Europol a été
fixée à Bruxelles le 26 juillet 1995.
Le rôle d'Europol d'échange et d'analyse d'informations
sur les organisations criminelles concerne le trafic des stupéfiants,
le trafic des véhicules, le trafic de matières radioactives,
les filières d'immigration clandestine, la traite des êtres
humains et le blanchiment de l'argent.
L'UDE est composée d'un coordonnateur, de son cabinet, et
il est assisté de deux adjoints. Des équipes d'analystes,
des officiers de liaisons, représentent l'ensemble des États
membres.
L'analyse est un support aux enquêtes en cours, mais elle
est aussi une suite d'études et conclusions sur certains
sujets particuliers.
Les échanges se font dans le respect des législations
nationales et ne peuvent se faire au préjudice d'autres canaux
existants tels Interpol, Schengen ou le système AAORI l'Organisation
mondiale des douanes.
5 -Le Groupe d'assistance mutuelle (GAM)
Créé en 1967 avec la signature de la convention de
Naples, le GAM regroupe les administrations douanières de
15 états de la CEE.
La lutte contre le trafic de drogues est l'un des objectifs essentiels
du GAM. En 1989, a été créé le GAM 1992,
chargé de traiter des questions relatives à l'adaptation
des stratégies aux besoins du futur "grand marché
européen".
En octobre 1992, le Système d'information douanière
(SID) a été mis en place. Réseau informatisé
qui constitue un sous-groupe du GAM, son but est la lutte contre
la fraude, la contrebande et le trafic de drogue. Il doit offrir
en outre la possibilité de "passerelle" avec les
réseaux Police.
6 -Les autres organismes européens
- Le Club des Cinq qui réunit l'Allemagne, l'Autriche,
la France, l'Italie et la Suisse.
- Le Groupe de travail franco-allemand.
- Le Groupe "Star" (Ständige Arbeitsgruppe
Rauschgift : groupe de travail permanent sur les stupéfiants)
créé en 1972 à l'initiative du Bundeskriminalamt
(BKA, Office fédéral de police judiciaire allemand),
pour soutenir son action dans le domaine de la lutte contre les
stupéfiants. Il réunit les États fédéraux
allemands (Länder), l'Autriche, la Belgique, le Luxembourg,
les Pays-Bas, le Danemark, la France, la Yougoslavie, des représentants
des services répressifs des Etats-Unis, et un membre du
secrétariat général de l'OIPC.
- Le Groupe de travail Nord : créé le 6
juin 1978 à l'initiative du Land (État fédéral)
Schleswig-Holstein (Allemagne). Il a pour but la coopération
des services répressifs de l'Allemagne, du Danemark, de
la Suède, de la Norvège, de la Finlande et des Pays-Bas.
- Le Groupe Sud-Est : créé le 12 octobre
1972, a pour but la coopération entre l'Allemagne, l'Italie,
la Hongrie, la Bulgarie, la République Tchèque,
la République Slovaque et la Yougoslavie.
- Le Groupe Sud-Ouest : mis en place le 19 décembre
1979 pour une meilleure coopération dans le domaine de
la lutte contre les nouvelles filières de trafic de stupéfiants
et notamment la "Route des Balkans". Il se réunit
semestriellement et regroupe l'Allemagne, la Suisse, la France,
l'Italie, l'Espagne, l'Autriche, les États unis et l'OIPC.
- Mar-Info : système douanier qui permet l'échange
d'informations sur le trafic maritime comprenant Mar-Info Nord
(France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Royaume-Uni, Danemark,
Suède et Norvège; siège en Allemagne) et
Mar-Info Sud (France, Italie, Espagne, Portugal, Grèce;
siège en France).
- Groupe de Dublin : à partir du "plan Bush"
de septembre 1989, un groupe de concertation informel dit "groupe
de Dublin" était constitué, réunissant
les Quinze (y compris le secrétariat général
du Conseil et la Commission), l'Australie, le Canada, les Etats-Unis,
le Japon, la Norvège (depuis 1993), et le PNUCID. Il se
réunit deux fois par an à Bruxelles.
Les Organismes extra-européens
1 - L'Organisation des États américains (OEA)
et la CICAD
En 1984, une résolution de l'OEA a convoqué pour
1986 une conférence qui a établi le "Programme
interaméricain de Rio de Janeiro contre la consommation,
la production et le trafic illicite de stupéfiants et de
substances psychotropes". Ce programme invitait à la
création d'une Commission interaméricaine pour le
contrôle de l'abus des drogues (CICAD).
Cette CICAD compte actuellement 27 pays membres et dispose d'un
secrétariat exécutif basé à Washington
(Etats-Unis). Son budget est alimenté par des contributions
volontaires dont certaines émanent de l'Europe. Parmi les
programmes développés par la CICAD, on peut citer
:
- la création d'un centre de documentation et d'une banque
de données,
- la création d'un centre de formation (prévention,
traitement, réinsertion),
- des réunions pour tenter d'harmoniser les législations
(idée de délit transnational),
- des réunions d'experts sur les précurseurs pour
essayer d'aboutir à une réglementation modèle.
2 - L'Association des Nations unies de l'Asie du Sud-est (ANASE)
Créée en 1967 et basée à Djakarta,
cette institution comprend l'Indonésie, la Malaisie, les
Philippines, Singapour, la Thaïlande, Brunei et le Viêt-nam.
Son but est d'assurer la coopération régionale, promouvoir
la compréhension mutuelle, accélérer la croissance
économique, le progrès social et le développement
culturel.
Quoique ne disposant pas de structure spécifique pour les
problèmes de la drogue, l'ANASE s'est associée à
l'Europe pour lancer deux programmes concernant
- la recherche et la formation d'une part,
- la prévention et la réhabilitation des drogués
d'autre part.
3 - Le plan "Colombo"
Mis en place en 1951, le plan Colombo regroupe 24 pays, les pays
d'Asie, d'Océanie et les Etats-Unis.L'objectif est de permettre
une coopération et une assistance technique, notamment dans
le domaine de la lutte contre l'abus et le trafic illicite des drogues.
|
En collaboration avec l'IHESI (Institut des Hautes
Études de la Sécurité Intérieure) |
|
|