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Benzodiazépines et molécules apparentées |
I - Présentation des molécules
Les benzodiazépines ayant fait l'objet de notifications
au système national de pharmacovigilance sont par ordre alphabétique
:
- Alprazolam,
- Bromazépam,
- Clobazam,
- Clorazépate,
- Flunitrazépam,
- Loprazolam,
- Lorazépam
- Prazépam.
Les autres substances apparentées :
- Méprobamate,
- Zolpidem
- Zoplicone.
II - Mécanismes d'action
La cible principale des benzodiazépines est le récepteur
au GABA de type A au niveau du cerveau. Les benzodiazépines
se fixent sur le récepteur complexe et modulent allostériquement
l'activité du canal chlore. Les benzodiazépines nécessitent
la présence de GABA pour exprimer leur effet. Les benzodiazépines
moduleraient la fixation du GABA sur son site de fixation et inversement,
le GABA modifierait la fixation des benzodiazépines. Au total,
les benzodiazépines augmenteraient le courant chlore du récepteur
GABA-A activé et potentialiseraient ainsi les effets GABAergiques
centraux.
Cette relation avec les récepteurs GABA-A a été
confirmée par de nombreuses études de biologie moléculaire.
Les études électrophysiologiques réalisées
in vitro ont montré que l'augmentation du courant chlore
induite par les benzodiazépines résultait principalement
de l'ouverture massive des canaux chlore en présence de doses
submaximales de GABA. Cependant, les effets amnésiants et
hypnotiques pourraient faire intervenir d'autres mécanismes
et notamment, une inhibition de la recapture de l'adénosine
ou une modification de l'activité des canaux calciques.
III - Propriétés pharmacologiques
Les principaux effets des benzodiazépines sont :
- sédatif,
- anxiolytique,
- hypnotique,
- amnésiant (amnésie antérograde),
- anticonvulsivant et myorelaxant.
Il n'y a pas d'effet dépresseur respiratoire aux posologies
normales et les effets cardio-vasculaires sont minimes. Chez l'animal,
dans les modèles d'anxiété, les benzodiazépines
renforcent les activités locomotrices et de satiété
habituellement diminuées lors d'un stress. La marge thérapeutique
entre effet anxiolytique et sédatif varie chez les benzodiazépines
et les modèles expérimentaux utilisés. Le développement
d'une tolérance aux effets anxiolytiques des benzodiazépines
fait l'objet de nombreux débats contradictoires. L'effet
analgésique observé chez l'animal n'est retrouvé
que très partiellement chez l'homme.
IV - Effets neurotoxiques
Les benzodiazépines peuvent induire une baisse de la vigilance,
des sensations ébrieuses et une somnolence qui peuvent être
préjudiciables chez le conducteur de véhicule ou l'utilisateur
de machine. Ces effets peuvent être potentialisés par
l'alcool et les autres dépresseurs du système nerveux
central (SNC).
V - Effets toxiques autres
Les effets neurotoxiques cités ci-dessus sont en rapport
avec la dose ingérée et la sensibilité individuelle
du patient. La somnolence serait plus fréquente chez les
personnes âgées. Des amnésies antérogrades
et des effets paradoxaux ont été décrits chez
certains patients. Les réactions cutanées et les modifications
de la libido sont exceptionnelles.
VI - Effets psychopathologiques
Il existe chez certains patients une dépendance physique
et psychique, même à dose thérapeutique. Cette
" addiction " est favorisée par une prise prolongée
(plusieurs mois, forte dose).
Il existe également une possibilité de mésusage
avec les benzodiazépines de forte puissance et à demi-vie
très courte. Il s'agit essentiellement de l'utilisation de
benzodiazépines ou d'apparentés pour un usage criminel
à type de soumission médicamenteuse. Il existe aussi
une utilisation de benzodiazépines dans des conduites d'auto-soumission,
facilitant le passage à l'acte (prostitution, agression,
tentatives de suicide ...). Il s'agit essentiellement de benzodiazépines
fortement dosées à action rapide (flunitrazépan,
Rohypnol et chlorazepate dipotassique, Tranxène 50).
VII - Association, toxicité additionnelle
L'alcool et les dépresseurs du SNC majorent l'effet sédatif
des benzodiazépines et l'altération de la vigilance
des conducteurs de véhicule ou des utilisateurs de machine.
Avec les morphiniques et la clozapine, il existe un risque accru
de dépression respiratoire. Les toxicomanes peuvent associer
benzodiazépine et méthadone pour potentialiser les
effets. L'association benzodiazépine-cocaïne est essentiellement
utilisée pour réduire l'effet anxiogène de
la cocaïne. Chez les toxicomanes aux opiacés, l'association
aux benzodiazépines est fréquente et s'explique par
l'effet anxiolytique sur la survenue du syndrome de sevrage.
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Amineptine |
I- Présentation
Il s'agit d'un antidépresseur de structure tricyclique
II - Mécanismes d'action
L'amineptine inhibe principalement la recapture de la dopamine
et possède à la fois des effets antidépresseurs
et psychostimulants.
III - Pharmacologie générale
Chez l'animal et à fortes doses, l'amineptine se comporte
comme le méthylphénidate ou la dexamphétamine
(propriétés amphétaminiques).
IV - Effets neurotoxiques
L'amineptine peut induire chez certains patients une pharmacodépendance.
Les posologies utilisées par ces patients entraînent
la survenue de troubles psychiques (excitation, anxiété,
insomnie, agitation, confusion, amaigrissement).
V - Effets indésirables
Des atteintes hépatiques ont été décrites
avec ce produit et une surveillance particulière des patients
est nécessaire. En cas de surdosage prolongé lors
d'une toxicomanie, on peut observer l'apparition d'un syndrome acnéique
particulièrement sévère.
VI - Effets psychopathologiques
Chez certains sujets, une addiction est possible, notamment en
cas d'antécédent de dépendances à l'alcool,
à des médicaments ou à des substances illicites.
L'anorexie mentale et la boulimie sont également des facteurs
de risque.
VII - Associations et toxicité additionnelle
Il n'existe pas de mention particulière.
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Clobenzorex |
I - Présentation
Il s'agit d'un anorexigène amphétaminique.
II- Mécanismes d'action
Il s'agit d'une amphétamine agissant par relargage au niveau
des terminaisons nerveuses des stocks d'amines biogènes.
Les principaux effets sont une anorexie et une action stimulante.
Ces effets sont bloqués chez l'animal par un prétraitement
par un inhibiteur de la tyrosine hydroxylase. L'effet stimulant
observé sous amphétamines est probablement la conséquence
d'une libération de dopamine dans le néostriatum.
Cet effet dose-dépendant est observé pour les plus
fortes doses in vitro. Des modifications de la perception et des
effets psychotiques sont observés aux plus fortes doses et
pourraient être en rapport avec la libération de 5-hydroxytryptamine
et de dopamine dans le système mésolimbique.
III- Pharmacologie générale
Les amphétaminiques entraînent une augmentation de
la pression artérielle associée ou non à une
bradycardie réactionnelle. Il existe également un
renforcement du tonus du sphincter vésical. L'effet anorexigène
a été largement utilisé en thérapeutique
humaine. Les amphétamines exercent un effet stimulant sur
le SNC. Les effets psychiques sont fonction de la dose et de la
personnalité du sujet. On observe généralement,
pour des posologies moyennes, une hyperactivité, une baisse
de la sensation de fatigue, une élévation de la thymie
et des facultés de concentration. Un surdosage ou un usage
prolongé se traduit par une dépression et une grande
asthénie. Aux plus fortes doses et/ou sur terrain favorisant,
on peut observer des confusions, une agressivité, des modifications
de la libido, un délire, des hallucinations, des états
de panique ou des pulsions homicides ... L'intoxication chronique
comporte une sémiologie voisine de l'intoxication aiguë,
notamment pour les effets centraux.
IV - Effets neurotoxiques
Similaires à ceux des amphétamines en général.
V - Effets indésirables
En dehors de l'hypertension artérielle pulmonaire qui semble
exceptionnelle mais gravissime, on observe surtout des effets centraux
à type de dépression, réaction psychotique,
nervosité, agitation, troubles du sommeil, céphalées,
vertiges, voire des convulsions. Les autres effets sont cardio-vasculaires
à type d'hypertension, de palpitations, de tachycardie ou
d'angor et, plus exceptionnellement, d'accidents ischémiques
cardiaques ou cérébraux.
VI - Effets psychopathologiques
Cf. Pharmacologie générale et Effets indésirables.
Un traitement prolongé risque d'entraîner une tolérance
pharmacologique et une pharmacodépendance. Des troubles psychotiques
peuvent être observés sur des terrains particuliers.
La prise d'amphétamine peut modifier le comportement des
conducteurs de véhicule ou des utilisateurs de machine.
VII - Associations, toxicité additionnelle
RAS.
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Buprénorphine |
I - Présentation
Il s'agit d'un analgésique de type agoniste-antagoniste
morphinique.
II - Mécanisme d'action
La buprénorphine est un agoniste-antagoniste morphinique
se faisant sur les récepteurs m et a cérébraux.
III - Pharmacologie générale
La buprénorphine présente des propriétés
antalgiques et centrales voisines de celles de la morphine. La puissance
d'effet de la buprénorphine représente 25 à
50 fois celle de la morphine. L'effet antalgique semble plus prolongé
sous buprénorphine. La dépression respiratoire est
retardée et prolongée sous buprénorphine.
Chez les toxicomanes, l'administration de buprénorphine entraîne
des effets " morphine-like " (euphorie ...). en administration
prolongée (8 à 16 mg SC ou SL/J - SC = sous-cutanée,
SL = sublinguale), il y a une identification de la buprénorphine
comme agent morphinique et les effets de l'injection parentérale
de morphine sont atténués ou bloqués pendant
une période pouvant atteindre trente heures.
Cependant, l'arrêt de la buprénorphine s'accompagne
d'un syndrome de sevrage retardé débutant entre le
deuxième jour et la deuxième semaine et comparable
à celui observé avec la morphine mais avec une intensité
moindre. Ce syndrome peut durer une à deux semaines. L'existence
d'un syndrome de sevrage plus modéré en intensité
avec la morphine explique en partie que le potentiel d'addiction
à la buprénorphine est moindre.
La buprénorphine est utilisée chez l'homme comme
antalgique et comme traitement substitutif des pharmacodépendances
majeures aux opiacés. Selon l'article de Tracqui et al. (1998),
il serait nécessaire de revoir les modalités de dispensation
du Subutex (buprénorphine), dans le cadre des traitements
de substitution. En effet, ils ont analysé de manière
rétrospective ou prospective quarante-neuf cas de surdosage
en buprénorphine, dont vingt mortels.
Il s'agissait de toxicomanes âgés de 14 à 48
ans comprenant trente-neuf hommes et dix femmes. Dans presque tous
les cas, il y avait polymédication associée, essentiellement
des benzodiazépines, et une administration intraveineuse
(broyat de comprimés) était présente chez 18
des 49 patients.
La dépression respiratoire induite par la polymédication
pourrait être responsable des décès recensés.
Ces cas posent le problème de l'obtention des comprimés
et de leur mésusage, qui est à mettre en balance avec
les avantages obtenus en matière de toxicomanie, notamment
à l'héroïne. Une enquête nationale de pharmacovigilance
a été mise en route dès la fin de 1996 par
l'Agence du médicament. Les réévaluations successives
de cette enquête ont permis de modifier de façon régulière
et significative la description des caractéristiques du Subutex,
dans le cadre de son autorisation de mise sur le marché français.
IV - Effets neurotoxiques
Toxicité générale des opiacés.
V - Effets indésirables
Les principaux effets indésirables sont :
- constipation,
- céphalées,
- insomnie, asthénie,
- somnolence,
- nausées, vomissements,
- lipothymies et sensations vertigineuses,
- hypotensions orthostatique,
- sueurs ...
Plus exceptionnellement sont observées des dépressions
respiratoires (en cas de mésusage ou association avec benzodiazépines)
ou des atteintes hépatiques. L'association à l'alcool
et aux dépresseurs du SNC majore la baisse de la vigilance
(véhicules, machines). L'association aux benzodiazépines
semble majorer le risque de survenue de dépression respiratoire
pouvant avoir une évolution fatale. Le risque de pharmacodépendance
reste faible.
VI - Effets psychopathologiques
L'administration de buprénorphine reproduit chez les toxicomanes
un effet " morphine-like ". Cet effet est majoré
par l'administration intraveineuse (à partir du broyat de
comprimés et risque d'administration d'excipients dangereux
par voie intraveineuse). Ses propriétés agonistes-antagonistes
peuvent modifier en cas d'association les effets d'autres opiacés
avec un risque de sevrage ou de dépression respiratoire.
La buprénorphine peut entraîner la survenue d'un syndrome
de sevrage.
VII - Association, toxicité générale
Effet potentialisateur possible sur l'euphorie entre buprénorphine
et cocaïne, la cocaïne réduirait l'anxiété
du syndrome de sevrage et la buprénorphine réduirait
l'irritabilité des cocaïnomanes.
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LSD |
I - Présentation
Il s'agit d'un hallucinogène.
II - Mécanisme d'action
Les hallucinogènes ont une très grande affinité
pour les récepteurs à la sérotonine de type
5HT-2 et pour d'autres sous-types de récepteurs. Il y a une
bonne corrélation entre l'affinité pour les récepteurs
5HT-2 et le potentiel hallucinogène chez l'homme. La ritansérine,
antagoniste des 5HT-2, réduit considérablement les
effets des hallucinogènes chez l'animal (comportement et
électrophysiologie).Cependant, le LSD est capable d'interagir
sur de nombreux sous-types de récepteurs sérotoninergiques
à concentrations nanomolaires et il semble actuellement difficile
d'attribuer les effets " psychédéliques "
aux seuls 5HT-2.
III - Pharmacologie générale
Les effets initiaux de type anticholinergique-sympathomimétique
(tachycardie, hyperthermie, mydriase, salivation, larmoiement, piloérection,
hypertension, nausées) débutent dans les trente à
soixante minutes suivant la prise. Les effets psychoactifs débutent
une à deux heures après et peuvent persister un à
deux jours. Une dose de 25 mg est capable d'avoir des effets psychoactifs
et une relation effet-dose est observée jusqu'à 500
mg. Une tolérance croisée a été mise
en évidence chez l'animal entre LSD, mescaline et psilocybine.
IV - Effets neurotoxiques
L'utilisation répétée de LSD peut conduire
à la survenue d'une ataxie, d'une incoordination motrice,
d'une dysphasie, de paresthésie ou de tremblement. Des convulsions
ont été rapportées. L'HPPD (hallucinogen persisting
perception disorder) ou " flash-back " est observé
chez un quart des anciens consommateurs. Les hallucinations visuelles
persistantes représentent 50% des cas et témoigneraient
d'une altération du système visuel.
V - Effets indésirables
Les sujets à risques individualisés sont les personnes
présentant ou ayant des antécédents de schizophrénie
ou d'instabilité mentale. Les épileptiques sont également
des sujets à risque. Nausées, vomissements et diarrhée
sont fréquemment observés.
Les effets sur le SNC peuvent être subdivisés en trois
sous-types :
- modifications de l'humeur : la prise de LSD peut s'accompagner
d'une instabilité de l'humeur allant de l'euphorie à
la dépression en passant par l'anxiété. Des
états de panique ont été décrits et
ils ont pu se compliquer de passages à l'acte.
- hallucinations visuelles, tactiles, auditives ... Délires
mégalomaniaques.
- Signes neurologiques : ils s'observent plus fréquemment
chez les consommateurs chroniques et se résument à
ataxie, dysphasie, vertiges, paresthésie, incoordination
et tremblement. Des comportements antisociaux ont été
observés sans que la relation de causalité soit
prouvée.
La " psychose " produite par le LSD est sémiologiquement
très variable.
VI - Effets psychopathologiques
Ils sont plus fréquents chez les sujets à risque
(schizophrénie ou antécédents de schizophrénie,
et instabilité mentale). Les principaux effets sont la "
psychose " induite, le risque de passage à l'acte et
les comportements antisociaux. Le phénomène de "
flash-back " peut persister chez certains anciens consommateurs.
VII - Associations, toxicité additionnelle
L'alcool, le cannabis et les neuroleptiques peuvent précipiter
la survenue d'un " flash-back ". Les phénothiazines
et les butyrophénones peuvent antagoniser les effets psychoactifs
du LSD. Les benzodiazépines peuvent réduire également
ses effets. La réserpine, les IMAO, le cannabis et les amphétamines
peuvent majorer les effets psychoactifs du LSD.
Source : B. Roques (Rapport au secrétariat
d'État à la Santé) |
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