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Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les toxicomanies
2008-2011 |
Ce texte est le communiqué de presse du plan gouvernemental
de lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008-2011 diffusé
par la Mission Interministérielle de Lutte contre la Drogue
et la Toxicomanie (MILDT).
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complet au format pdf (1,2 Mo). |
Introduction |
Fruit du travail gouvernemental mené depuis le début de l’année
avec l’ensemble des ministères membres du Comité interministériel
de lutte contre la drogue et la toxicomanie et de prévention des
dépendances, le présent plan vise à fixer les priorités du gouvernement
d’ici 2011.
Nourri de l’évaluation du plan 2004-2008 et de la consultation
des principaux acteurs associatifs, il comprend 193 mesures dont
38 dans le domaine de la prévention et de la communication ; 41
dans le domaine de l’application de la loi ; 69 dans le domaine
des soins et de la réduction des risques associés aux usages ; 30
dans le domaine de la formation et de la recherche et 15 mesures
au plan international.
Le budget prévu pour l’exécution du nouveau plan s’élève à 87,5
millions d’euros sur 4 ans : 33,5 millions d’euros à la charge de
la MILDT, 36,4 millions d’euros à celle des ministères et 8,7 millions
d’euros au titre de la loi de financement de la sécurité sociale
et du fond d’intervention pour la qualité et la coordination des
soins.
Ce budget intervient en plus de celui déjà consacré par les ministères
à la lutte contre les drogues et les toxicomanies. |
Contexte général |
• Les drogues illicites, l’alcool et le tabac sont des problèmes
majeurs qui touchent de manière permanente l’ensemble de notre société.
• Dans les quinze dernières années, la prise en charge des usagers
de drogues, d’alcool et de tabac et la lutte contre les dommages
sanitaires et sociaux associés à ces usages se sont fortement améliorées.
Mais l’usage des drogues et les abus d’alcool se sont maintenus
à un niveau élevé ou ont même augmenté. Seuls ont diminué l’usage
de l’héroïne grâce aux traitements de substitution, et celui du
tabac, notamment en raison de la hausse des taxes et de l’interdiction
de fumer dans les lieux publics.
• Face à cette situation, le gouvernement a pour objectif prioritaire
de faire reculer les premières consommations. Jusqu’à maintenant,
la prévention des drogues illicites s’est concentrée sur les usages
dits « problématiques », ce qui a pu laisser penser que l’usage
sans complication apparente de santé pouvait être toléré. Il apparait
que cette politique, si elle a permis de mieux prendre en charge
les usagers dépendants au plan sanitaire et de réduire les infections
et autres dommages graves liés à certains usages, n’a en rien dissuadé
les expérimentations du plus grand nombre et le rajeunissement des
entrées en consommation.
• L’augmentation des usages de la plupart des drogues s’explique
notamment par une carence des politiques de prévention à laquelle
le présent plan souhaite répondre. Par ailleurs il est nécessaire
de faire face à l’arrivée de nouvelles substances comme la cocaïne
ou les drogues de synthèse ou de nouveaux modes de consommation
comme le «binge drinking». Il faut là encore clarifier le discours
public entre ce qui est permis et ce qui ne l’est pas et admettre,
comme on a pu le constater en matière de violence routière ou en
ce qui concerne l’usage de tabac, que l’application de la loi participe
à la prévention des comportements dangereux pour soi ou les autres. |
Trois orientations essentielles |
• Prévenir les premières consommations et les
usages des produits illicites ainsi que les abus d’alcool,
en ciblant les jeunes, mais aussi en mobilisant leurs parents et
les adultes qui les entourent.
• Conduire une action résolue pour que l’offre des produits
diminue de manière significative, notamment par la mutualisation
et le partage des moyens de lutte entre tous les services en charge
de l’application de la loi et les justices des Etats concernés.
• Diversifier davantage la prise en charge sanitaire des
usagers de drogues et d’alcool, en ciblant particulièrement
les populations les plus exposées et les plus vulnérables.
Trois orientations renforcées par :
- un développement de la recherche fondamentale et clinique
pour que soins et prévention s’améliorent dans des proportions significatives,
- un développement de la coopération internationale,
- la mise en place d’un outil d’évaluation de l’efficacité
des mesures du plan. |
Grandes nouveautés introduites par le plan |
1. Il s’agit désormais de prévenir les premières consommations
de produits illicites et d’éviter les consommations excessives d’alcool,
particulièrement chez les plus jeunes. A cet égard, les mesures
pouvant avoir un effet dissuasif sur les consommations doivent faire
partie intégrante de la prévention :
Le plan prévoit
de clarifier le discours public par des campagnes de communication
afin de rendre les règles applicables plus compréhensibles pour
les Français et de ne plus banaliser l’usage de stupéfiants et
les abus d’alcool.
Un effort
doit être fait pour renforcer la confiance des adultes dans leur
capacité et leur légitimité à intervenir auprès des jeunes, et
en particulier auprès de leurs enfants, pour les protéger des
consommations de drogues ou de certains modes dangereux de consommation
d’alcool. L’objectif est de mobiliser les parents et de les aider
à être le relais de la règle commune. A cette fin, des états-généraux
de la parentalité seront organisés et des dispositifs de soutien
seront mis en œuvre.
Le plan
prévoit également de réaffirmer concrètement l’interdit
social concernant les consommations illicites avec les stages
de sensibilisation aux dangers de l’usage de produits stupéfiants.
Il vise aussi à réduire l’offre d’alcool en direction des jeunes
pour lutter contre le « binge drinking » (alcoolisation
massive express) en « déromantisant » l’image de l’ivresse par
des campagnes de communication adaptées, en interdisant la vente
d’alcool aux mineurs, en interdisant la pratique de l’open-bar
et la consommation d’alcool aux alentours des établissement scolaires.
Il s’agit
aussi de mener, en lien avec les partenaires sociaux,
des actions de repérage et de prise en charge dans le milieu du
travail où près de 20% des accidents et des problèmes d’absentéisme
seraient en lien avec l’usage d’alcool, de psychotropes ou de
stupéfiants. Ces actions permettront également de sensibiliser
les adultes sur les dangers des drogues
2. Pour agir plus en amont, il faut intensifier la lutte contre
les trafics, notamment :
En
luttant contre la culture illicite de cannabis sur le territoire
national et le commerce de graines de cannabis sur Internet.
En élaborant
systématiquement des plans départementaux de lutte contre
les trafics de rue, notamment aux abords des établissements scolaires.
En renforçant
la coopération internationale pour intervenir sur les routes de
la drogue par lesquelles transitent les stupéfiants : création
d’un centre de coordination pour la lutte antidrogue en Méditerranée
et d’une plate-forme opérationnelle de coopération policière,
douanière et de formation en Afrique de l’Ouest, devenue
une plaque tournante du trafic de cocaïne sud-américaine à destination
de l’Europe de l’Ouest. Ces dispositifs viendront compléter l’action
du centre d’opération et d’analyse maritimes (MAOC-N) mis en place
à Lisbonne pour la zone Atlantique.
En
renforçant l’action internationale contre le détournement des
précurseurs chimiques, utilisés par les organisations
criminelles dans la fabrication des drogues, notamment vers l’Afghanistan.
En
généralisant l’approche patrimoniale des enquêtes sur les trafics
de stupéfiants, sachant que les trafiquants sont essentiellement
motivés par l’appât du gain : mise en place d’une structure permettant
de gérer les biens criminels saisis, transposition
des textes européens sur la confiscation des avoirs criminels,
signature d’accords bilatéraux avec les Etats tiers afin
d’identifier, de saisir et de confisquer les avoirs qui sont à
l’étranger.
Dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne,
le plan prévoit également de :
Renforcer
la collaboration avec les pays de la Méditerranée dans
les domaines de la recherche, la prévention et la prise en charge
thérapeutique, via la création d’un observatoire méditerranéen,
afin d’associer les Etats de la rive Sud aux Etats européens concernés.
Proposer
à nos partenaires européens un plan de mutualisation des
dispositifs de protection des repentis.
3. Enfin, le développement et la diversification du dispositif
de prise en charge sanitaire et sociale des addictions doit être
poursuivi, notamment :
En
formant l’ensemble des professionnels de santé au repérage
précoce des addictions afin que ce repérage devienne
un réflexe naturel.
En ciblant
les populations les plus exposées et les plus vulnérables
:
- renforcement des capacités d’hébergement par un partenariat
entre structures de soins et d’hébergement social et par le
développement de nouvelles communautés thérapeutiques,
- augmentation du nombre de jeunes accueillis dans
les consultations jeunes consommateurs par une meilleure couverture
géographique et une polyvalence des consultations (alcool et
cocaïne notamment),
- meilleure prévention et prise en
charge de l’usage de drogues et d’alcool chez les femmes enceintes.
En poursuivant
la politique de réduction des risques chez les usagers de drogues
illicites, avec un renforcement des actions de lutte contre
l’hépatite C.
En mettant
l’accent sur la recherche, afin d’apporter des
réponses thérapeutiques aux addictions qui se développent et pour
lesquelles on ne dispose pas vraiment de traitements (cocaïne,
crack…).
En
développant des études nouvelles :
- sur les questions liées à la prévention et au repérage précoce
des usages à risques des drogues (par exemple sur les liens
entre consommation de drogues et parcours scolaires ou sur les
liens entre violences, délinquance et usages de drogues).
- sur des phénomènes naissants ou déjà installés mais sous
estimés (addictions sans produit, surconsommation de médicaments
psychotropes).
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Un impératif : l’évaluation |
Les objectifs opérationnels du plan sont assortis d’indicateurs
de mise en œuvre et d’efficacité afin de permettre une évaluation
précise des résultats obtenus en 2011. |
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