Conseils Aide et Action contre la Toxicomanie
Drogue et toxicomanie - Aide jeunes et parents - Information - Prévention
Rubriques
Trouver de l'aide     Donnez votre avis    Retour accueil
 
 
 
  Les drogues
  La législation
 
 
 
 
 
 
  Carte du site

La toxicomanie

> Drogue et toxicomanie
>
Usage et dépendance
> Famille et prévention
>
Famille et toxicomanie
>
Sortir de la toxicomanie
>
La prise en charge
>
Statistiques

La prise de conscience

Pour cesser de consommer de la drogue, il faut d'abord le souhaiter.

Il est très difficile de convaincre un utilisateur de drogue de cesser sa consommation s'il se trouve dans la seule phase de "plaisir", c'est à dire s'il n'a pas encore pris conscience des effets néfastes de sa consommation et/ou de sa dépendance et ne voit que le plaisir que lui procure la drogue.

Au sujet de la dépendance, beaucoup d'utilisateurs de drogue n'ont pas conscience de leur dépendance et pensent pouvoir s'arrêter quand ils le veulent... et c'est souvent lorsqu'ils essayent réellement d'arrêter qu'ils découvrent cette dépendance.
Par exemple, nous avons plusieurs fois entendu des utilisateurs de cannabis nous dire : "Je gère ma consommation, j'ai déjà arrêté plusieurs fois (sic) sans difficulté ...".
Ces utilisateurs n'ont pas compris que le THC accumulé et stocké dans leur corps agit pendant plusieurs jours et masque ainsi l'effet de manque. Ils n'ont en fait jamais pu arrêter définitivement et sont dépendants sans s'en rendre compte.

Ce n'est que lorsque l'utilisateur a pris conscience d'un problème, soit de lui même, soit que ses parents ou son entourage ont réussi à lui faire prendre conscience des difficultés présentes ou à venir, qu'il peut alors ressentir la motivation nécessaire pour s'arrêter.

Cette motivation peut être générée par exemple par :

  • La prise de conscience des effets néfastes de la drogue sur sa santé physique ou psychique.
  • La prise de conscience des conséquences sur sa vie familiale : impact sur son entourage, risque de séparation ou de divorce.
  • Un problème social lié à la drogue : un accident, une interpellation ou le risque de perdre son travail.
  • La prise de conscience de l'éloignement de son entourage et de son isolement social.
  • Les problèmes financiers liés à l'addiction.
  • La prise de conscience de sa dépendance et de la déchéance qu'elle entraîne.
  • Les pressions de la famille et de l'entourage pour se faire soigner après avoir aidé à la prise de conscience des problèmes.
  • Un événement positif qui peut être compromis par la toxicomanie : rencontre amoureuse, grossesse, promotion professionnelle etc. ...
Cesser de consommer, facile ou pas ?

Distinguons au préalable l'usage simple et maîtrisé de drogue, qu’il soit nocif ou non, lié plutôt à un usage festif occasionnel ou récurrent (un verre de whisky avec des amis par exemple), mais qui peut aller jusqu'à l'abus, et la toxicomanie qui est un usage compulsif non ou mal maîtrisé et généralement induit par des problèmes sous-jacents dont l'utilisateur n'a pas nécessairement conscience.

Le désir d'arrêter sa consommation n'apparaît que lorsqu'on en ressent des effets négatifs sur sa santé ou sa vie sociale, c'est à dire lorsqu'on a atteint au moins le stade de l'abus

Cesser un usage abusif mais sans dépendance réelle, encore que la frontière entre ces deux états n’est pas toujours bien claire, demande surtout de la volonté et de la persévérance.
Le seul problème est que de nombreux utilisateurs de drogue croient maîtriser leur consommation alors qu'il n'en est rien. Le fait qu'ils n'ont ni la volonté ni la persévérance suffisante, alors qu'ils ont pris conscience de leur problème, témoigne d'une consommation non maîtrisée et donc d’une dépendance.

Sortir de la toxicomanie est plus difficile car c'est bien plus que l'arrêt de l'usage de drogue. C'est aussi cesser et faire le deuil du plaisir ou du soulagement apporté par la drogue ainsi que d'habitudes, de réflexes, de gestes et d'un mode de vie liés à sa consommation et souvent fortement ancrés dans la personnalité.

Cela va prendre du temps. Si le sevrage physique est généralement rapide, de dix jours à deux mois selon la drogue et les doses absorbées, le temps nécessaire au sevrage psychique et à l'abandon des habitudes se comptera en années, avec des rechutes qui sont normales et ne doivent pas être considérées comme un échec mais comme un élément du processus de "guérison". Ce sera d'autant plus long que le consommateur a commencé jeune et a consommé longtemps. Sortir de la toxicomanie est une opération de longue haleine qui doit s'envisager dans la durée.

Lorsque la consommation de drogue est due à un problème sous-jacent psychique, familial ou social, il est aussi nécessaire de comprendre pourquoi le consommateur a commencé à prendre de la drogue et pourquoi il en consomme aujourd'hui, ceci pour soigner les causes de cette consommation et non pas seulement les effets.
Essayer d'arrêter la consommation sans cette analyse préalable et se contenter de soigner les effets sans soigner les causes est dans ce cas souvent voué à une rémission qui ne sera que temporaire ou même à l'échec.
Néanmoins, soigner médicalement les effets permet au toxicomane de trouver la force nécessaire pour affronter ses autres problèmes et avancer vers la guérison.

Se faire aider

Il est très exceptionnel, voire impossible, d’arrêter seul dès que l'on a atteint un début de dépendance, consciente ou non. En effet, la drogue modifie profondément la personnalité et annihile la volonté et la persévérance nécessaires.

Il faut impérativement se faire aider et suivre par un(des) spécialiste(s).
Le spécialiste vous aidera à trouver et analyser les causes de la consommation, il pourra prescrire la démarche adaptée et effectuer le suivi nécessaire. S'il est médecin, il pourra prescrire des médicaments qui atténueront les difficultés du sevrage.
Il vous aidera aussi et surtout à ne pas baisser les bras, pour utiliser un terme à la mode il sera votre "coach".
Sortir de la toxicomanie s'apparente à un entraînement sportif de haut niveau, cela demande des efforts importants, du temps, de la volonté et énormément de persévérance, toutes choses qui ne sont pas naturelles chez l'être humain et particulièrement chez le toxicomane. Comme pour les athlètes, il lui faut donc un "entraîneur" apte à maintenir son moral et à le motiver pour faire les efforts nécessaires, c'est un des rôles importants du spécialiste.

Il ne faut pas non plus penser que l'on pourra aider seul quelqu'un à s'en sortir si l'on n'a pas soi-même les connaissances de base et la compétence nécessaires.
Fréquemment des jeunes filles ou jeunes femmes qui tombent amoureuses d'un utilisateur de drogue pensent d'abord pouvoir l'aider à s'en sortir sans aide extérieure, par le seul fait de leur amour .... puis elles nous consultent ensuite désemparées. Elles sous-estiment très largement la difficulté à vivre aux cotés d’un toxicomane, avec ses mensonges, ses non-dits et son manque de volonté. Le toxicomane a une vie propre avec sa drogue, vie qu’il ne partage pas.
Beaucoup de parents sous-estiment également les difficultés que cela représente et tardent à chercher de l'aide. C'est autant de temps de perdu.

Les parents ou proches, souvent désemparés et désorientés, ont autant besoin d'aide que l'utilisateur lui même et ne doivent pas hésiter à consulter un spécialiste pour se faire conseiller sur la démarche adaptée au cas de leur enfant, conjoint(e) ou ami(e), ainsi que sur les attitudes appropriées.

La démarche à suivre

La démarche commence fréquemment par la rencontre avec un médecin (le médecin de famille de préférence ou un autre) ou un personnel soignant qui oriente ensuite l'utilisateur, et ses parents si nécessaire, vers les structures appropriées. Il ne faut pas hésiter à parler de ce problème avec son médecin, il en a vu beaucoup d'autres et il respecte le secret médical . Votre médecin comme tous les thérapeutes est tenu au secret médical et ne vous dénoncera pas.

Vous pouvez aussi commencer par des conseils par téléphone ou par une consultation auprès d'un organisme spécialisé (tenu également au secret médical).

En France, les structures spécialisées sont nombreuses et présentes dans tous les départements. La plupart reçoivent aussi les parents et les proches pour les conseiller. L'accueil y est généralement confidentiel et gratuit, il peut être anonyme sur demande expresse de l’intéressé.

- Pour connaître les différentes structures en France => La prise en charge des toxicomanes.
- Pour trouver celles qui sont proches de chez vous => Trouver de l'aide.

Il est particulièrement important de se sentir en confiance avec la structure et le thérapeute choisi. Si tel n'est pas le cas, n'hésitez pas à en changer et même à en essayer plusieurs. Les parents peuvent parfaitement se faire aider par un centre différent de celui qui suit leur enfant, chacun devant "se sentir bien" là où il est aidé.

L'objectif sera d'abord l’évaluation de la consommation puis sa diminution jusqu’à l'abstinence, c'est à dire l'arrêt de consommation de drogue, assisté ou non médicalement selon le besoin et les possibilités, puis enfin l'arrêt du comportement toxicomaniaque c'est-à-dire la disparition de la pulsion de consommation et, si nécessaire, la réinsertion sociale.
Dans certains cas graves, on pourra se contenter d'amener le toxicomane à un confort de vie et une réinsertion sans pour autant arrêter complètement la consommation ou avec la prescription d'une substitution à long terme.

Les soins devront donc porter sur l'ensemble des problèmes liés à la toxicomanie :

  • Gestion du manque.
  • Analyse et soin des causes de la consommation de drogue, lorsque c’est possible.
  • Soin des conséquences somatiques (physiques) générées par la drogue.
  • Soin des conséquences psychiques.
  • Traitement de la dépendance physique et psychique : cure de sevrage (dépendance physique) et post-cure (dépendance psychique).
  • Aide à la résolution de problèmes familiaux.
  • Traitement des problèmes sociaux.

Ces soins doivent être conduits dans un certain ordre et seul un spécialiste peut vous aider à les planifier convenablement. Il est inutile, par exemple, d'entreprendre un sevrage sans avoir réfléchi à la post-cure et au suivi qui viendront le conforter.

Par ailleurs, seul un spécialiste peut traiter convenablement les cas particuliers : par exemple le cas des femmes enceintes qui consomment des drogues induisant une dépendance physique et dont le foetus, intoxiqué par la consommation de la mère, est devenu lui aussi dépendant.
Il est impératif pour une femme qui consomme de la drogue de mentionner ce problème à son médecin ou son gynécologue dès qu'elle a connaissance de sa grossesse, ou mieux dès qu'elle souhaite avoir un enfant. Il en va de la santé, parfois de la vie et de l'avenir de son bébé.

Dans la majorité des cas, le traitement a lieu en "ambulatoire", c'est à dire que l'usager mène sa vie habituelle et se rend dans les différents lieus de soin et d'aide : médecin, hôpital, Centres de Soins d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA), etc., comme on se rend chez son médecin.

Dans les cas difficiles, le traitement pourra avoir lieu en "résidentiel" dans un hôpital ou un centre spécialisé avec hébergement pour assurer un suivi constant. Les places sont malheureusement rares en France et il est nécessaire d'être introduit par un médecin ou un CSAPA qui jugeront de l'opportunité du suivi résidentiel.

Pour les drogues qui s'y prêtent (opiacés, tabac) et seulement pour elles, on pourra utiliser un traitement de substitution : Subutex® ou Méthadone pour les opiacés, patch nicotinique pour le tabac.

Le résultat

L'expérience montre que la grande majorité des toxicomanes qui se font aider s'en sortent et retrouvent une vie normale, avec un délai plus ou moins long selon la drogue utilisée et l'état de leur toxicomanie.

Quelques "trucs" pour les usagers abusifs qui veulent s'en sortir

Lorsque vous êtes un usager abusif mais pas encore dépendant, au delà des conseils donnés précédemment, principalement de vous faire aider, vous pouvez essayer d'appliquer quelques "trucs" qui vous aideront dans votre démarche.

  1. Évaluer objectivement votre consommation en notant tous les jours, pendant 2 à 3 semaines, vos prises de drogue : nature, quantité, heure, contexte (seul, amis, lieu), etc. ainsi que l'importance que vous attachez à chaque prise (note de 1 à 5 par exemple) en vous demandant si vous pourriez vous dispenser de cette prise.
     
  2. Chercher à comprendre chaque fois ce qui déclenche l'envie de consommer et noter ainsi les événements déclencheurs (heure particulière de la journée, lieu particulier, la présence de certaines personnes, certaines activités, événements spécifiques, etc.)
     
  3. Essayer lorsque c'est possible d'éviter systématiquement les événements et les contextes déclencheurs ainsi que les personnes qui incitent à la consommation.
     
  4. Vous fixer des lieux ou des plages horaires où, quoi qu'il arrive, vous ne consommerez pas (alors que vous consommiez dans ces lieux ou pendant ces plages horaires).
     
  5. Informer vos proches que vous essayez d'arrêter pour obtenir de leur part aide et compréhension.
     
  6. Analyser pourquoi vous avez commencé à consommer de la drogue : pour s'amuser avec les autres, pour se défoncer, pour vaincre une timidité, pour oublier ou supporter un problème ou un stress et lequel, pour être plus brillant ou plus performant, etc.
     
  7. Rechercher et lister les autres méthodes, autres que la drogue, qui pourraient vous aider à résoudre les problèmes mis ainsi en évidence, en parler à sa famille ou à ses amis.
     
  8. Définir une stratégie d'arrêt qui vous convienne : arrêt brutal ou arrêt progressif et la planification de cet arrêt. Essayer de vous tenir à cette stratégie, retenter plusieurs fois en cas d'échec.
     
  9. Trouver des activités de dérivation qui correspondent à votre caractère et vos envies : sport, activité artistique, travail bénévole (pourquoi pas ?), etc. qui vous obligent à aller dans d'autres lieux et fréquenter d'autres personnes.

Même si ces "trucs" vous paraissent un peu simplistes et naïfs, insuffisants et pas toujours applicables, particulièrement pour les utilisateurs très dépendants, ils vous aideront à mieux comprendre votre consommation et vous faciliteront l'effort important nécessaire pour s'en sortir.

L'hospitalisation sous contrainte

Lorsque les problèmes psychiques associés au comportement à risques sont trop importants et nécessitent une surveillance permanente, une hospitalisation peut être nécessaire. Dans la très grande majorité des cas, elle se passe avec l'accord du patient et elle remplit alors son rôle thérapeutique, mais ce n'est pas toujours le cas.

Il arrive que des parents, époux ou proches ne supportent plus la violence, la dépression ou les hallucinations du toxicomane et demandent comment le faire hospitaliser, même sans son consentement, il s'agit alors d'une hospitalisation "sous contrainte".

Dans ce cas, il faut savoir que :

  • L'hospitalisation sous contrainte est régie par des règles très strictes afin d'éviter tout abus et de respecter les droits de la personne toxicomane.
     
  • Elle n'est applicable que lorsque le toxicomane représente un danger réel pour lui-même (risque de suicide) ou pour les autres (agressions).
     
  • Elle n'est applicable que si le toxicomane n'est pas psychiquement en mesure d'accepter ou refuser les soins de façon lucide et délibérée.
    En effet l'article R4127-36 du Code de la Santé Publique fait normalement obligation au médecin d'obtenir le consentement de la personne examinée ou soignée avant d'agir. Lorsque le malade, en état d'exprimer sa volonté, refuse les investigations ou le traitement proposés, le médecin doit respecter ce refus après avoir informé le malade de ses conséquences.
    Dans le cas d'un mineur ou d'un majeur protégé, le médecin doit obtenir le consentement des parents ou du représentant légal (article R4127-42 du Code de la Santé Publique). En cas d'urgence, même si ceux-ci ne peuvent être joints, le médecin doit donner les soins nécessaires.
     
  • Elle n'est applicable que si les soins nécessaires sont indispensables immédiatement et nécessitent une surveillance constante.
     
  • Enfin, ce n'est pas une méthode efficace pour sortir de la drogue. Sortir de la dépendance, particulièrement psychique, nécessite la prise de conscience, l'intention et le consentement du toxicomane.
    L'hospitalisation sous contrainte pourra résoudre un problème à court terme mais ne fournira jamais la solution à long terme de la dépendance et des différents problèmes qui ont conduit à la toxicomanie. Elle peut permettre, par contre, le début d'une prise de conscience et l'entrée dans un programme de soins à long terme.

Il existe deux types d'hospitalisation sous contrainte :

L'hospitalisation à la demande d'un tiers ou HDT

Les conditions d'application et la procédure sont définies dans le Code de la Santé Publique, articles L3212-1 à L3212-12.

La procédure est la suivante : Un tiers proche (parent, conjoint, autre) et agissant dans l'intérêt du patient fait une demande écrite et motivée d'hospitalisation.
Pour être prise en compte, cette demande doit être accompagnée de deux certificats médicaux émanants de deux médecins différents et justifiant le bien fondé médical de cette hospitalisation.

En pratique, la personne qui fait la demande s'adresse à un médecin qui évalue la situation et entame les démarches, s'il le juge nécessaire. Le patient est ensuite examiné par le médecin hospitalier qui conforte ou non le diagnostic du premier médecin.

La levée de la HDT se fait soit par certificat médical du médecin hospitalier, soit à la demande du tiers qui a signé la demande d'hospitalisation.

L'hospitalisation d'office ou HO

Les conditions d'application et la procédure sont définies dans le Code de la Santé Publique, articles L3213-1 à L3213-10.

Ce type d'hospitalisation est généralement déclenché par une intervention de police, consécutive à des événements graves causés par le toxicomane. Elle est formellement ordonnée par le maire ou le préfet au vu d'un certificat médical.

La levée de la HO nécessite l'accord du préfet.

 
 
 
Site "Conseils Aide et Action contre la Toxicomanie" - Tous droits réservés : © Jean-Paul CARCEL  webmestre.caat@free.fr