Les effets
La consommation de cannabis apporte une sensation d'euphorie,
d'apaisement et de détente et une légère
somnolence.
Le consommateur se sent "planer", il oublie ses soucis
et devient insensible aux problèmes, il adopte une attitude
de nonchalance devant les évènements externes, il
s’anesthésie.
Les autres effets sont la loquacité, l'hilarité pour
tout et pour rien, la sociabilité, une distorsion de la perception
de l'espace et du temps qui semble ralentir, une accentuation des
perceptions sensorielles particulièrement auditives, toute
musique même commune parait géniale, et un renforcement
de la confiance en soi.
On se sent bien, on se sent « cool », le monde est à
votre diapason et on est au diapason du monde.
Les effets neuropsychiques du cannabis fumé apparaissent environ
15 à 20 min après inhalation chez un consommateur occasionnel, un
peu plus tard chez un usager régulier. En cas d’ingestion, il faudra
attendre 4 à 6 h. Les effets s’estompent en plusieurs heures : environ
4 h pour la consommation d’un « petit joint », mais jusqu’à 24 h
pour une forte dose.
Le THC lipophile se fixe dans les graisses dont le cerveau et rediffuse
les métabolites actifs pendant plusieurs jours.
Les dangers
à court terme
La consommation de cannabis entraine des palpitations, un manque
de salive (bouche sèche), une augmentation de l'appétit,
un gonflement des vaisseaux sanguins (yeux rouges) et parfois une
sensation de nausée.
Le cannabis modifie le rythme cardiaque, ce qui le rend dangereux
pour les personnes souffrant d'hypertension ou de maladies cardiovasculaires.
Il fait partie des facteurs déclenchants d’infarctus du myocarde
pouvant conduire au décès.
Le cannabis perturbe l'interfonctionnement des neurones, ce qui
diminue la capacité de concentration, perturbe la mémoire
immédiate et réduit la capacité d'apprentissage.
La consommation de cannabis produit un effet de somnolence ou au
contraire déclenche des insomnies.
Elle conduit également à la perturbation de certaines
notions : distance, temps, à la perte d'attention et de vigilance,
le contrôle des mouvements est moins assuré, et des
troubles de l'équilibre peuvent apparaître : c'est
l'ivresse cannabique. L'ivresse cannabique comme l'ivresse
alcoolique est cause de multiples accidents.
Une consommation de cannabis est incompatible, dans les heures qui
suivent, avec la conduite automobile ou le travail sur machines-outils
ou engins de chantier.
Une consommation trop forte à un instant donné, ou
faite, même à faible dose, alors qu'on ne se sent pas
bien, peut déclencher un "bad trip"qui survient
de façon brutale et inattendue. C'est une intoxication
aiguë.
Le consommateur se sent subitement mal physiquement avec des sueurs
froides, des tremblements, des nausées et parfois des vomissements.
Il peut également ressentir une impression d'étouffement
et de confusion allant jusqu'à l'évanouissement ainsi
qu'une très forte angoisse, une anxiété très
intense avec la peur de devenir fou, et des bouffées de panique,
des crises de larmes et parfois des hallucinations.
Il faut alors isoler le sujet dans un endroit calme et aéré
pour lui permettre de respirer et attendre que le malaise passe.
S'il est évanoui il faut appeler des secours.
Il faut enfin savoir qu'il n'y a pas de risque de mort par overdose
avec le cannabis.
Les dangers
à long terme lors d'un usage chronique
Risques
psychiques
Le stockage du THC dans les tissus lipidiques (les graisses), en
particulier le cerveau, explique sa libération lente, sept
jours après, il en reste encore 50% dans l'organisme.
Une consommation modérée mais répétée
(à moins d'une semaine d'intervalle) s'accompagne de l'accumulation
de THC dans le système nerveux central, et entraîne
des troubles neuro-psychiques.
Au bout d'un certain temps, il amène des troubles persistants
de la mémoire, des ralentissements de la pensée, un
état de passivité et une perte de motivation (syndrome
"amotivationnel" appelé également syndrome
"d'indifférence") qui peuvent être particulièrement
préjudiciables aux collégiens et étudiants,
mais aussi aux autres.
L'usage régulier du cannabis conduit fréquemment
à l'échec scolaire.
Il génère également une diminution,
voire une disparition de la libido.
Ces troubles peuvent perdurer plusieurs semaines après l'arrêt
de consommation.
Il entraîne également des troubles mentaux comme l'anxiété
ou la panique et peut favoriser une dépression.
Il peut déclencher, chez certains sujets, une "psychose
cannabique" ou "bouffées délirantes"
caractérisée par des hallucinations, du délire,
un dédoublement de la personnalité et un sentiment
de persécution, qui nécessitent une hospitalisation
en hôpital psychiatrique.
Un lien a été observé entre la consommation
de cannabis et les troubles psychotiques dont la schizophrénie.
Plusieurs études conduites dans différents pays européens (Suède,
Pays-Bas, Allemagne) et en Nouvelle- Zélande ont montré que l’usage
de cannabis augmente le risque de survenue d’un trouble psychotique,
et d’une schizophrénie en particulier, chez les sujets initialement
indemnes de ces troubles.
Ces études tendent à montrer que le développement
de troubles schizophréniques est 2,5 fois plus fréquent
chez les consommateurs de cannabis que dans la population générale.
Elles montrent également que plus la consommation
a commencé jeune et plus elle est importante, plus le risque
est élevé.
Ce que ces études ne déterminent pas est la
relation causale, le cannabis est-il la cause ou plus vraisemblablement
n'est-il qu'un accélérateur de l'apparition de la
maladie chez des sujets prédisposés ? La consommation
de cannabis pouvant n'être qu'un marqueur de la vulnérabilité
à la maladie ou de la préexistance ignorée
de cette maladie.
Le cannabis est cependant maintenant considéré comme
un des facteurs de risque d'apparition de la maladie.
Ces résultats sont très préoccupants, du fait de la gravité de ces
troubles et de la fréquence d’usage de cannabis à l’adolescence.
Enfin on constate une forte propension à l'usage de cannabis
chez les sujets présentant un trouble psychiatrique avéré, notamment
un trouble psychotique tel qu’une schizophrénie ou un trouble de
l’humeur tel qu’un trouble bipolaire, ce qui aggrave généralement
l'évolution de leur maladie. En effet, le cannabis a des
effets opposés à ceux des traitements antipsychotiques ou régulateurs
de l’humeur.
Cette propension à la consommation de cannabis est interprétée
comme une automédication inconsciente pour atténuer
les souffrances psychiques.
Tous ces troubles apparaissent progressivement mais d'autant
plus vite et sont d'autant plus graves que la consommation a
commencé tôt et particulièrement pendant l'adolescence
avant 17 ans. Cependant la plupart sont réversibles après
sevrage excepté les troubles psychotiques (dont la schizophrénie).
Risques
physiques
A la longue, il a pour effet de durcir les vaisseaux sanguins ce
qui conduit, chez les gros consommateurs, à l'infarctus et
aux autres risques cardio-vasculaires similaires à ceux induits
par l'hypertension.
Par ailleurs, selon une étude menée par des chercheurs canadiens,
un joint dégagerait 20 fois plus d’ammoniaque et 5 fois plus d’oxyde
d’azote et de cyanure d’hydrogène qu'une cigarette, produits identifiés
pour leurs effets néfastes sur le système immunitaire et la circulation
sanguine.
La drogue contient de nombreuses autres substances dont la toxicité
s'ajoute à celle du tabac associé. Ainsi le cannabis
contient-il 4 à 5 fois plus de goudrons et de produits toxiques
que le tabac, car, contrairement au tabac, il n'est pas traité
pour réduire la quantité des produits les plus toxiques
et il est rarement fumé avec un filtre.
Selon la revue "60 millions de consommateurs" qui a effectué
des tests et diffusé les résultats en mars 2006, fumer
un joint fait absorber six à sept fois plus de goudrons et
de monoxyde de carbonne (CO) que fumer une cigarette, ainsi que
deux fois plus de benzène et trois fois plus de toluène.
Fumer trois joints tous les jours fait courir les mêmes risques
de cancers ou de maladies cardiovasculaires que fumer un paquet
de cigarettes par jour.
Une autre étude, menée en Nouvelle Zélande
et publiée début 2008, arrive à une conclusion
similaire : parmi les personnes dont la consommation de cannabis
est importante, le risque de cancer du poumon serait 5,7 fois plus
élevé que chez les autres. Fumer un seul joint présenterait ainsi
un risque de cancer du poumon équivalent à la consommation de 20
cigarettes.
Si ces deux études ne sont pas totalement concordantes d'un
point de vue quantitatif, elles démontrent toutes deux la
grande nocivité du cannabis.
L'usage de cannabis induit ainsi des problèmes respiratoires
(toux, bronchites chroniques, asthme) et peut conduire au cancer,
plus rapidement que le tabac.
Etant donné le nombre très élevé de consommateurs de cannabis chez
les adolescents et les jeunes adultes à travers le monde, les chercheurs
craignent la multiplication de cancers du poumon d’ici les prochaines
années.
Le risque maternel est similaire à celui du tabac,
d'autant plus si le cannabis est consommé en joint avec le
tabac : risques de grossesses extra-utérines, fausses couches
et mort in-utéro plus fréquentes, prématurité
et troubles de la maturité également plus fréquents,
etc ...
Des études récentes de l'INSERM et d'universités
américaines montrent les effets délétères
sur l'activité cérébrale du fœtus lors
de consommation de cannabis durant la grossesse. Ces études
démontrent que le cannabis diminue fortement l'activité
cérébrale du fœtus, perturbe les capacités
d'apprentissage et que ces enfants peuvent ensuite présenter
un retard mental important.
Il semble que des cannabinoides altèrent l'activité
de diverses cellules impliquées dans la défense immunitaire
de l'organisme (cellules NK notamment). Quelques auteurs pensent
trouver là l'explication de la prévalence accrue de
certains types de cancers chez des usagers chroniques.
Outre la disparition de la libido, une consommation de quantités
importantes de cannabis (4 à 20 joints quotidiennement) induit
une diminution significative de la concentration du sperme en
spermatozoïdes, avec augmentation du nombre de spermatozoïdes
anormaux, des troubles de l'érection et une baisse sensible
de la virilité.
Cependant, contrairement à certaines rumeurs, le cannabis
ne rend ni stérile ni impuissant. Tout peut redevenir
normal après le sevrage
La dépendance
Le risque de dépendance au cannabis est moindre que pour
d'autres drogues mais il est réel. Cette dépendance est surtout
psychique. Elle s'établit d'autant plus rapidement
que le consommateur est jeune. L'usager perd alors le contrôle
de sa consommation, consomme même quand il est seul, fréquemment
dès le matin et recherche un produit de plus en plus concentré.
Certains sujets arrêtent le cannabis sans problèmes,
d'autres deviennent dépendants. Un consommateur qui a organisé
sa vie quotidienne autour du cannabis est pratiquement toujours
devenu dépendant.
Lorsque le consommateur devenu dépendant, bien souvent à
son insu, tente d'arrêter, il ressent, au bout de 1 à
10 jours, les symptômes du manque : il devient irritable,
anxieux, agressif, agité, il a du mal à s'endormir,
se sent stressé et fébrile et peut ressentir un mal-être
ou une dépression pendant plusieurs semaines. Certains ne
ressentiront ces symptômes que plus tard, le THC stocké
dans les graisses continue à agir pendant plusieurs jours
ou semaines et masque le symptôme du manque.
Risque
d'escalade
Les relations étroites existant entre les systèmes
cannabinoïdes et opioïdes endogène du cerveau et
la forte potentialisation des effets analgésiques et antidépresseurs
des morphines par le THC ont laissé supposer que le cannabis
pourrait induire une tendance à l'escalade vers la consommation
d'héroïne. Celà n'a en fait jamais été
confirmé par aucune étude.
L'usage du cannabis ne conduit pas systématiquement à
l'héroïne ou à d'autres drogues.
Il ouvre pourtant une opportunité pour les sujets en difficulté
psychologique, sociale ou familiale, lorsque les consommateurs sont
mis en relation avec des dealers vendant d'autres produits. Les
usagers réguliers de cannabis expérimentent plus fréquemment d’autres
drogues illicites : les prévalences d’expérimentation sont, selon
les produits, entre 5 à 8 fois plus fortes chez eux qu’en population
générale du même âge.
L'expérience montre cependant que la grande majorité
des utilisateurs de cannabis en restent à cette drogue sans
chercher des produits plus forts.
Risque social
Si le consommateur développe une image positive de lui-même,
il n'en est généralement pas de même pour les
personnes qui le côtoient. Les effets négatifs tels
que rire sans raison, abrutissement, démotivation, sont toujours
très perceptibles pour l'entourage auprès de qui le
consommateur est souvent déconsidéré.
Le consommateur, bien souvent, ne ressent pas les difficultés
liées à sa consommation et à son comportement,
il "n’a pas de problèmes", pour lui ce sont
les autres, ses parents, son conjoint, ses proches qui "ont
des problèmes".
Ceci l'entraîne fréquemment à abandonner ses
amis et à ne côtoyer que les autres consommateurs.
Un usage régulier et fréquent de cannabis, de
par la démotivation qu'il entraîne, conduit aussi souvent
à l'échec scolaire et à des difficultés
professionnelles.
Dans les cas difficiles, le consommateur n'arrive pas à
se tenir à une activité scolaire ou professionnelle
suivie, il baisse les bras à la première difficulté,
change souvent d'activité et se réfugie dans la passivité
induite par sa consommation.
Dans les cas extrêmes, on peut voir des jeunes, ou moins jeunes,
cesser toute activité et s'abrutir à longueur de journée
en fumant des joints dans leur chambre ou "scotchés"
devant la télévision ou une console de jeux vidéo.
On arrive alors à des situations absolument dramatiques pour
le consommateur et pour son entourage. |