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Le cannabis et les jeunes

Hormis le tabac et l’alcool, le cannabis est la drogue la plus consommée par les adolescents qui commencent d’ailleurs de plus en plus jeunes. Nous voyons maintenant des jeunes de moins de treize ans qui fument régulièrement.

Pendant cette période de la vie où les jeunes se construisent avec leurs expériences, leurs doutes et leurs états d’âme, avec aussi leur bande de copains qui les rassure, les conforte et les aide à élaborer leur identité et leurs valeurs, le cannabis s’est imposé, au début parce qu’il les rend gais et leur permet de faire la fête avec leurs amis, en étant bien, en riant de tout et de rien, puis parce qu’il calme leurs angoisses et leur procure ces instants d’oubli où les problèmes s’effacent, mais aussi parce que l’illégalité de son usage leur permet de se démarquer du monde des adultes et d’afficher clairement leur statut d’adolescents.

Ce n’est pas pour autant que tous les jeunes consomment du cannabis.
Un coup d'oeil sur les statistiques montre que plus de la moitié n'a même jamais essayé.
Les consommateurs réguliers représentent 9 % environ de la population adolescente, les autres consommateurs  qui en ont fait l’expérience la renouvellent de temps en temps et s’en tiennent là pour abandonner après quelques mois ou années.

Pour ceux qui consomment avec leurs copains, le joint est un moyen d'intégration et un rite d’entrée dans l’âge adulte, la plupart cesseront d’ailleurs lorsqu’ils auront atteint leur maturité psychique et sociale. C'est aussi un outil de détente et de convivialité, comme le verre d'alcool que nous offrons à nos amis ou le calumet de la paix des indiens, ou encore un moyen de défonce comme les cuites alcooliques d'autrefois, et de maintenant encore.
Mais attention : Le recours au joint dans les réunions amicales est souvent le symptôme d'un vide de la communication.
Il est utile de rappeler que le groupe de copains ne peut se suffire à lui-même. L'intégration d'un groupe d'adolescents du même âge ne remplace pas la nécessité de communiquer avec l'adulte. L'adulte est un des points de référence indispensables à la construction de la personnalité de l'adolescent.

Cependant pour environ un cinquième des jeunes le cannabis permet d’éviter la confrontation avec la réalité, les empêchant d’acquérir la maturité nécessaire pour devenir adulte.

Ce phénomène est inquiétant pour les conséquences sanitaires et sociales parfois graves qu’il engendre, particulièrement si le jeune se met à fumer seul.
La consommation est alors souvent liée à des troubles de la personnalité. Ces adolescents n’arrivent pas à trouver leurs distances par rapport à leurs parents ou ils vivent des situations familiales, scolaires ou professionnelles qu'ils jugent difficiles et ont du mal à supporter et assumer. Ils consomment alors pour évacuer le stress et s'anesthésier devant la difficulté.
Le « pétard » est devenu pour eux une auto thérapie, ils utilisent le cannabis comme antidépresseur, anxiolytique ou hypnotique.
Ces consommateurs réguliers perdent progressivement tout intérêt pour les activités qui demandent un effort, que ce soit pour leurs études ou pour leurs loisirs. Ils manquent les cours de plus en plus souvent, parfois jusqu’à l’arrêt total de la scolarité. Lorsqu’ils ne sont pas avec leurs copains, ils s’enferment dans leur chambre pour fumer et se replient sur eux-mêmes avec des idées dépressives et parfois suicidaires. Parfois aussi ils font un « bad trip », une intoxication aiguë accompagnée d’une angoisse intense, ou ils « pètent les plombs » avec des bouffées de violence.

Même si la majorité s’en sort à terme, il ne faut surtout pas laisser perdurer cette situation.
Une consommation répétée et solitaire est un signal d’alarme qu’il ne faut absolument pas négliger.

Le cannabis : banalisation ou interdit ?

La conscience et la connaissance de l'interdit juridique relatif au cannabis sont émoussées dans l'esprit d'un grand nombre d'adolescents.

Si tout semble aller à vau-l'eau concernant ce problème délicat de l'excès de cannabis, c'est sans doute que sa banalisation peut avoir des effets déstabilisateurs sur les jeunes pour lesquels l'interdit, et le rappel de l'interdit, sont particulièrement nécessaires à leur équilibre. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas en banaliser l'usage, pour que cette transgression ne devienne pas un acte intégré dans leur vie.

L’ado qui va mal a besoin de rompre pour se sentir exister, pour ne plus souffrir, pour qu’on le reconnaisse. Il attend que les adultes réagissent, se positionnent clairement. Il a besoin d’être rassuré, qu’on lui dise : "non, on ne veut pas qu’il t’arrive malheur !".
C’est parfois le monde à l’envers : les ados sont en demande d’encadrement, alors que les parents croient qu’un monde sans limites est un monde de liberté.

Pour le cannabis, les parents doivent dire clairement : "On est contre. Le cannabis est une substance illicite. Il est hors de question de te voir circuler à la maison avec ce genre de produit, et que tu en consommes chez nous avec tes amis".
Si l’enfant en consomme ailleurs, on n’a pas de prise. On peut juste le déconseiller. S’il va le fumer en cachette, il intègre une limite. C’est le rôle des parents de la lui définir.
Les parents copains, ça ne marche pas. Il faut s’interroger sur l’excès et la répétition. Quand les ados vont trop loin, il faut se demander pourquoi.
Les adolescents ont d'ailleurs bien conscience que l'interdit les maintient malgré tout, dans une consommation "modérée".

Enfin, comment faire de la prévention quand des personnes publiques font une publicité inverse ?
Un Ministre qui déclare avoir fumé du haschisch, les déclarations de gens du show-bizz ou de sportifs connus, qui devraient représenter un modèle pour les jeunes, mais qui se vantent d'avoir fumé du cannabis, sont un tantinet fallacieuses, ce n'est pas un produit qui aidera les jeunes à se construire, ni à résoudre leurs problèmes.

Justifications et bonne conscience

Nous recevons chaque année plusieurs centaines de messages d'utilisateurs de cannabis ou de leur entourage, la plupart pour demander de l'aide après avoir pris conscience de l'impasse dans laquelle ils se sont mis ou des conséquences graves sur leur santé physique et mentale.

Certains, toujours des consommateurs, nous écrivent pour réfuter notre point de vue qu'ils jugent trop partial et excessif et donner un avis différent, insistant sur le fait qu'ils consomment sans conséquences néfastes, du moins de leur point de vue. Ils justifient alors leur position par des arguments qui sont sensiblement toujours les mêmes :

  • C'est seulement pour le fun avec les copains.
  • Ça me permet d'être plus cool, de ne pas stresser en classe et de mieux dormir le soir.
  • Cela ne m'empêche pas de réussir dans mes études.
  • Le cannabis ne conduit pas à l'échec scolaire, beaucoup d'étudiants qui font des études supérieures en fument.
  • Plusieurs hommes célèbres fumaient du cannabis : Baudelaire, ..... Des ministres ont fumé du cannabis, ça ne les a pas empêché de devenir ministre.
  • Je "gère", j'arrête quand je veux.
  • Le cannabis est une drogue douce donc pas dangereuse.
  • Tous mes copains en fument sans problèmes.
  • Ce n'est pas plus mauvais que l'alcool qui est autorisé.
  • Contrairement au tabac, ça n'a jamais tué personne.
  • Quand je conduis après avoir pris du cannabis, je suis plus prudent.
  • Le cannabis est utilisé médicalement.
  • Le cannabis est autorisé dans la plupart des pays.
  • La France est le pays le plus répressif et c'est là qu'il y a le plus grand nombre de fumeurs de cannabis.

Si certaines affirmations s'avèrent vraies dans leur cas particulier et même pour certains consommateurs autour d'eux ou dans un contexte particulier, la plupart de ces affirmations sont approximatives ou franchement fausses et ne résistent pas à une analyse un peu plus poussée ni au constat que nous avons pu faire après de nombreuses années d'accueil et d'aide aux utilisateurs de drogue et particulièrement de cannabis.

Pour plus de détails, vous pouvez consulter la rubrique
"Le coin des jeunes"
=> Cannabis : Vrai ou Faux ?

Au sujet du débat sur le cannabis

Vous pouvez utilement consulter, dans notre rubrique "Dossiers" le document Cannabis : mensonges et vérités ainsi que Le cannabis remis en question.

Le cannabis en France : quelques chiffres

  Consommation

Le cannabis reste la plus consommée des drogues dans le monde. La France figure parmi les pays les plus consommateurs en Europe tant chez les jeunes adultes que les adolescents.

En 2014, 42% des adultes de 18 à 64 ans ont expérimenté le cannabis et 3% étaient des fumeurs réguliers.
Parmi les jeunes de 17 ans, 48% avaient expérimenté le cannabis et 9% étaient des fumeurs réguliers.
Le cannabis est, de loin, la substance psychoactive illicite la plus expérimentée.
L'usage problématique ou la dépendance concerne 22% des usagers soit plus de 1 sur 5.

Ceux qui goûtent au cannabis le font par curiosité et par plaisir, mais une partie des utilisateurs en prennent dans l'espoir "de se remonter le moral". Ceux-là sont des candidats à l'escalade.

  Polyconsommation

La consommation de cannabis est très fréquemment associée à celle du tabac et de l’alcool. Dans les contextes festifs, le cannabis est très présent, accompagnant les prises de stimulants et de produits hallucinogènes quand celles-ci sont rencontrées.

Concernant les usages concomitants de produits (prise simultanée au cours d’un même épisode de consommation), l’association alcool-cannabis est la plus souvent citée.

  Conséquences sanitaires et sociales (source enquête RECAP, OFDT)

En 2014, plus de 38 000 consommateurs de cannabis ont été accueillis et pris en charge dans les structures d'aide et de soin aux toxicomanes.
Sur ces 38 000 personnes, environ 18 000 est accueillie dans les 5000 "CJC" (Consultations Jeunes Consommateurs) rattachées principalement aux "CSAPA" (Centres de Soins, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie).

Dans ces structures, plus d'une personne sur deux venue consulter pour un problème de cannabis est adressée par la justice à lasuite d'une interpellation pour usage.

Plus de 80 % des personnes accueillies pour leur problème avec le cannabis sont de sexe masculin.

En prenant en compte l’ensemble des dépenses supportées par la collectivité, le coût social du cannabis peut être estimé à 919 millions d’euros.

  Mortalité (2013/2008)

Le risque de mort par accident est multiplié par près de 15 en cas de consommation conjointe d'alcool.
Le nombre annuel de décès suite à un accident de la route imputable au cannabis est estimé à environ 230 tués dans l'année sur une base de 6 000 accidents mortels.

Si de rares études évoquent l'existence d'une surmortalité des usagers de cannabis par rapport aux non usagers, il n'a à ce jour pas été possible d'établir le rôle causal du cannabis dont l'usage est par ailleurs lié à d'autres prises de risques (sexuels, autres consommations…).

La responsabilité de cette substance dans certaines pathologies est cependant avérée, en particulier dans le cancer du poumon dont l’usage du cannabis multiplierait le risque par 3.
En 2013, une trentaine de décès liés à la toxicité aiguë cardiovasculaire du cannabis ont été signalés.

  Conséquences pénales

Interpellations

Il faut rappeler que l'usage, la détention et la vente de cannabis SONT INTERDITS.

L'incitation, telle que le simple fait de tendre un joint à quelqu'un ou le fait de présenter le cannabis sous un jour favorable (publicité sur un vêtement par exemple) est passible de prison ou d'amende.

Les usagers de cannabis sont les plus jeunes des usagers interpellés (22 ans en moyenne). Les mineurs interpellés pour usage de cannabis sont, bien que largement minoritaires, de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes, tendance inverse au vieillissement relevé pour les autres usagers interpellés.

En 2010, les 122 439 interpellations pour usage de cannabis représentent 90 % des interpellations pour usage de stupéfiants.
En dehors des affaires d’usage, les services de police et de gendarmerie ont effectué 15 302
interpellations pour usage-revente et trafic de cannabis.

Saisies

En 2014, ont été saisis 46,9 tonnes de cannabis (36,9 de résine et 10 d'herbe) et 158 000 plants en forte augmentation. La saisie de plants a triplé entre 2010 et 2014.

 
 
 
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